samedi, avril 20

Airbus : Guillaume Faury dévoile son plan de bataille pour rester devant Boeing

« Ne jamais gaspiller une crise. » L’expression plaît à Guillaume Faury, qui la reprend volontiers à son compte. Le président exécutif d’Airbus n’entend pas attendre un retour à la normale pour se projeter à nouveau sur le long terme avec des décisions structurantes. A l’occasion de la première journée investisseur du constructeur européen depuis quatre ans, le 23 septembre, il a annoncé avoir relancé son plan de transformation Next chapter rewired. Il en a aussi profité pour réaffirmer quelques objectifs.

Hérité du plan Next Chapter lancé en 2019, ce plan reprend assez largement les actions déjà initiées ces dernières années que ce soit dans la numérisation, la réduction de l’empreinte environnementale ou l’amélioration de la productivité. Si les avions commerciaux sont en centre du jeu, elles se déclinent aussi dans les autres branches du groupe selon quatre piliers définis par Guillaume Faury.

Au premier rang de ces piliers, le patron d’Airbus place les produits. Et s’il estime qu’il dispose déjà d’un portefeuille « très solide », il affirme chercher à améliorer des plateformes existantes avec l’apport de nouvelles technologies, mais aussi à étendre son offre en développant de nouvelles versions. Sur ce deuxième point, Guillaume Faury évoque les programmes déjà sur les rails avec l’A321 XLR en premier lieu, même s’il reconnaît que son développement n’a pas été aussi rapide qu’il l’aurait souhaité.

L’A220-500 a du sens

Il mentionne également un projet encore en phase de maturation : l’A220-500, version allongée de l’ex-C-Series, développé par Bombardier et racheté par Airbus. « Vous avez probablement entendu parler de l’A220-500. Cela fait beaucoup de sens pour nous, mais à un moment donné. Nous ne voulons pas être trop en avance sur celui-ci. Nous avons encore beaucoup de travail sur l’A220 (dans ses versions actuelles -100 et -300, NDLR) avant d’y arriver », détaille le patron d’Airbus.

La nouvelle fera sans doute plaisir du côté d’Air France, cliente de l’A220-300, et très intéressée par le -500. Mais Airbus doit avant tout réussir à rentabiliser ce programme, qui a coûté très cher à Bombardier en son temps. Selon Dominik Asam, le directeur financier du groupe, le point d’équilibre devrait être atteint d’ici 2025.

Le fret devrait également prendre une bonne place dans les développements à venir. La figure de proue sera certes l’A350F, mais Guillaume Faury affirme qu’il y a aussi une forte demande pour des versions cargo de ses plateformes existantes A321 et A330. « Nous ne ferons pas tout. Nous voulons être très précis, mais cela fait sens », a-t-il déclaré sans préciser s’il faisait référence aux programmes de conversion d’avions de passagers en appareils de fret (« P2F ») ou à des projets de nouvelles versions en production.

Rassembler l’écosystème et au-delà

En parallèle, Airbus continue à travailler sur les différentes briques pour réduire son empreinte carbone : efficacité énergétique, intégration pleine des biocarburants (aujourd’hui limitée à un mélange avec au moins 50 % de kérosène), développement de l’hydrogène… Autant d’éléments qui tiennent à Airbus, mais aussi à l’ensemble de l’écosystème aérien, l’un des piliers mis en avant par Guillaume Faury. « Cela dépasse le cadre d’Airbus avec des liens à faire avec l’énergie, le coût du carbone, la régulation, les objectifs à long terme, hydrogène… », juge-t-il. Il veut ainsi réussir à travailler avec le maximum de parties prenantes pour assurer la cohérence du système dans « le nouveau monde de l’aviation », mais aussi arriver à regarder au-delà du monde aéronautique.

« C’est un monde complexe, avec un environnement changeant très rapidement. L’acronyme VUCA, volatilité, incertitude, complexité, ambiguïté, définit très bien le monde où nous sommes. Nous ne pouvons pas le changer, mais nous pouvons faire de notre mieux pour affronter la situation », Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus.

Guillaume Faury prend pour cela l’exemple des carburants d’aviation durable, dont il veut accélérer fortement le développement avec des objectifs d’intégration de l’ordre de 10 % en 2030 et de 40 % en 2040 pour arriver à 80 % en 2050. Et pour lui, cela passe avant tout par les énergéticiens, d’où la nécessité de les impliquer fortement. L’enjeu est majeur, les SAF devant constituer le principal levier de la réduction de l’empreinte carbone de l’aviation et l’atteinte de la neutralité en 2050. Un objectif dont Guillaume Faury reste convaincu qu’il est possible à atteindre.

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