vendredi, septembre 13

Atos essuie une lourde perte après de fortes dépréciations d’actifs

Le groupe informatique français Atos, un des piliers technologiques des JO de Paris 2024, a annoncé ce jeudi avoir enregistré une perte nette d’1,9 milliard d’euros au premier semestre.

Cette dernière est en grande partie due à une dépréciation d’actifs à hauteur de 1,5 milliard d’euros et aussi « la dépréciation de relations client pour 109 millions d’euros dans la région Amériques en raison de la fin de contrats clients », a précisé le groupe dans un communiqué. La dépréciation d’actifs consiste pour une entreprise à ajuster la valeur d’un actif dans ses comptes par rapport à celle qu’elle lui accordait jusqu’alors.

Côté activité, le groupe a aussi vu son chiffre d’affaires global chuter de 10%, à 4,96 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année. La baisse d’activité a autant affecté le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le « big data », – dont le chiffre d’affaires a chuté de 7,9% à 2,4 milliards d’euros – que la branche Tech Foundations (infogérance), qui a connu un recul de ses ventes de 11,8% à 2,6 milliards d’euros. A périmètre et changes constants, le chiffre d’affaires global a baissé de 2,7%, dont 4,2% pour Eviden et 1,4% pour Tech Foundations.

« Nos revenus et notre marge opérationnelle pour le semestre sont en ligne avec le plan d’affaires présenté le 29 avril, malgré des conditions de marché difficiles dans certaines de nos principales zones géographiques », a notamment déclaré Jean-Pierre Mustier, président-directeur général d’Atos.

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Feuilleton financier

L’ex-fleuron de la tech se trouve, depuis quelques mois, plongé dans un feuilleton financier aux multiples rebondissements. Il est entré en juillet dans une procédure de sauvegarde accélérée qui doit permettre au groupe de sortir la tête de l’eau avec notamment la mise en œuvre de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,75 milliard d’euros.

« Nous avons désormais un accord avec nos créanciers financiers, nous fournissant ainsi une liquidité suffisante pour faire fonctionner le Groupe et nous donnant un fondement solide pour l’avenir », a par ailleurs commenté le PDG.

Pour rappel, plombé par une dette brute colossale de près de 5 milliards d’euros, Atos, qui compte plus de 90.000 salariés dans 69 pays, avait enclenché en février une procédure de restructuration. Après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d’Atos initialement choisi pour mener à bien ce sauvetage, les créanciers et les banques se sont entendus pour reprendre et sauver eux-mêmes l’entreprise. Leur accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d’euros et une réduction de la dette d’environ 3 milliards d’euros.

Banques et détenteurs d’obligations deviendront alors les actionnaires majoritaires d’Atos : ils détiendront jusqu’à 99,9% du capital. L’augmentation de capital est toutefois ouverte aux actionnaires actuels qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée et pourraient, s’ils contribuent, s’assurer au maximum 25,9% du capital.

Des activités sensibles

Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos est l’un des piliers technologiques des JO de Paris, chargé notamment de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité. Son avenir revêt également une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense (équipement de l’armée ou supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française).

Dans ce contexte, le groupe français a annoncé fin juin avoir « finalisé » la négociation avec l’État français « d’une convention visant à protéger les intérêts de souveraineté » de ce dernier. En clair, il s’agit d’éviter que ces activités tombent entre les mains d’acteurs étrangers. Mi-juin, l’État a fait une offre de 700 millions d’euros pour les acheter.

La proposition de l’Etat, formulée dans une « lettre d’offre confirmatoire non engageante », concerne « l’acquisition potentielle de 100% des activités d’Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products de la division BDS (Big Data & Cybersécurité) » d’Atos, a précisé ce dernier dans un communiqué mi-juin. Ces activités englobent les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, les contrats avec l’armée française et les produits de cybersécurité.

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