Nouvelle amende infligée à CNews par le régulateur de l’audiovisuel. L’Arcom a sanctionné la chaîne, ce mercredi, à deux reprises pour « manquements » à ses obligations lors de propos tenus sur son antenne.
Le premier épisode remonte au 10 décembre 2023 pendant « La Matinale Week-End ». « Il ressort du compte rendu de visionnage de l’émission (…) que dans le cadre d’un débat consacré au projet de loi immigration, puis d’une séquence relative au Rassemblement National, deux invités ont déclaré “l’immigration tue”, sans aucune réaction de l’animateur ou des autres personnes présentes en plateau », a écrit l’instance dans sa décision. Or, selon elle, « l’emploi par deux invités de la formule “l’immigration tue” est de nature à représenter les personnes d’origine immigrée, dans leur ensemble, comme un facteur de risque mortifère ».
« Une telle stigmatisation, qui réduit les immigrés au rang de personnes dangereuses (…), est susceptible d’inciter à la haine à leur égard en raison de leur race, leur nationalité ou leur origine ethnique et d’encourager à des comportements discriminatoires à leur égard en raison de leur race, leur nationalité ou leur origine », a-t-elle déploré.
En conséquence, CNews a écopé d’une amende de 60.000 euros pour cet épisode.
Une chaîne coutumière du fait
L’autre séquence mise en cause concerne l’émission « Punchline Été » consacrée à l’information. Au cours d’une séquence, où il est rapporté que le mois de juillet 2023 a été le plus chaud jamais enregistré, l’un des intervenants a contesté l’influence humaine sur le réchauffement climatique. Il a notamment déclaré : « Le réchauffement climatique anthropique est un mensonge, une escroquerie, à un moment il va falloir poser les choses scientifiquement ». L’Arcom a, cette fois, sanctionné la chaîne à hauteur de 20.000 euros.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que CNews – qui fait partie du groupe Canal+, lui-même contrôlé par Vivendi, propriété du milliardaire conservateur Vincent Bolloré – se voit infliger des sanctions par le régulateur des médias pour des paroles tenues sur son antenne. En mai dernier notamment, la chaîne s’est vu infliger une amende de 50.000 euros pour des propos du journaliste Geoffroy Lejeune, selon lesquels l’antisémitisme et la surpopulation carcérale étaient des conséquences de « l’immigration arabo-musulmane ».
De façon générale, la chaîne est régulièrement accusée de promouvoir des opinions d’extrême droite, ce qu’elle conteste. Ce qui ne l’empêche pas de faire un carton : en mai et en juin, elle a ravi à BFMTV la place de leader des chaînes d’information en continu en parts de marché, ce qui n’était jamais arrivé jusque-là.
En attente d’un renouvellement de fréquence
Ces deux nouvelles amendes tombent en tout cas mal pour CNews. Elles surviennent en effet alors que sa fréquence arrive à échéance et est remise en jeu pour 2025. Cela concerne aussi 14 autres fréquences de la TNT actuellement occupées par les chaînes Canal+, C8, CStar, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète+ (groupe Canal+), TMC, TFX et LCI (groupe TF1), W9, Gulli et Paris Première (groupe M6), BFMTV (récemment rachetée par CMA CGM, également propriétaire de La Tribune) et NRJ12 (groupe NRJ).
24 chaînes au total sont candidates pour en obtenir une ou renouveler la leur, ce qui signifie qu’il y aura des malheureuses. L’Arcom a commencé à les auditionner ce lundi. Lors de ces oraux, le régulateur « [prend] notamment en compte le pluralisme de l’information et des courants d’expression socio-culturels » ou encore « l’intérêt pour le public », a-t-il précisé.
Tous les regards se portent en tout cas sur le sort de CNews dont l’audition se tiendra ce lundi 15 juillet. Mais aussi sur celui de C8, qui fait partie du même groupe. Celle-ci est aussi régulièrement sanctionnée par l’Arcom à cause des dérapages de son animateur vedette, Cyril Hanouna. Le cas des deux chaînes du groupe Canal+ a largement mobilisé les débats d’une commission d’enquête parlementaire il y a quelques mois. Dans son bilan, publié mi-mai, son rapporteur, le député LFI Aurélien Saintoul, a écrit qu’il « ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l’état renouveler leurs autorisations de diffusion ». Pour lui, elles vivent « de l’abus » et « du contournement des règles ».
Déjà auditionnés ce mardi par l’Arcom, les responsables de C8 ont tenté de montrer patte blanche pour convaincre d’obtenir le renouvellement de la fréquence. Ils se sont ainsi engagés à diffuser l’émission « Touche pas à mon poste » avec un différé de 15 à 45 minutes. Une mesure qui doit permettre d’assurer la « maîtrise de l’antenne » : concrètement, cela permettra à la production de « couper » certaines séquences problématiques avant leur diffusion. Une manière de rendre l’émission de Cyril Hanouna « irréprochable ». Il faut dire que le groupe Canal+ a reçu ces dernières années un total de plus de 7,5 millions d’euros d’amendes en raison des polémiques provoquées par son animateur-producteur controversé.
Reste à voir si ces négociations suffiront à la chaîne pour sauver sa fréquence. Selon le régulateur de l’audiovisuel, les autorisations d’usage, pour C8 comme pour les autres candidates, devraient être accordées « d’ici la fin de l’année 2024 ».
(Avec AFP)
Lien source : CNews écope de 80.000 euros d’amendes avant une audition cruciale pour le renouvellement de sa fréquence