dimanche, septembre 8

Confrontés à des moissons désastreuses, les céréaliers réclament un PGE

La situation est suffisamment grave pour justifier le recours à l’outil phare de la crise sanitaire du Covid-19. Alertant sur les effets économiques probables de récoltes particulièrement catastrophiques, l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales française (AGPB) a demandé jeudi l’« activation d’un prêt garanti par l’Etat (PGE) agricole pour tous les agriculteurs qui en auront besoin ».

« Il faut répondre au plus vite à l’urgence », a insisté le président de l’AGPB, Eric Thirouin, mettant en garde sur « une vraie déflagration pour toutes les exploitations dont on n’anticipe pas encore toutes les conséquences ».

3 milliards d’euros de moins

Selon les dernières estimations de l’AGPB, la récolte française de blé tendre s’établira en effet à 25,98 millions de tonnes cette année. Soit 26% de moins que l’année dernière. C’est le volume le plus faible depuis 1983, déplorent les céréaliers français. Or, ces derniers doivent déjà affronter des cours internationaux en baisse depuis deux ans, en raison d’une production mondiale abondante.

Toujours selon l’AGPB, cette moindre récolte induirait une perte du chiffre d’affaires global des producteurs de céréales français de 3 milliards d’euros par rapport à 2023. Leur trésorerie en sera d’autant plus affectée que depuis deux ans ils se retrouvent piégés dans « un effet ciseaux dévastateur qui s’amplifie », alerte l’APGB. Leurs coûts de production ne cessent d’augmenter depuis 2019.

« Puisqu’en 2021 et 2022 les récoltes ont été bonnes, en 2023 les agriculteurs ont pu puiser dans leurs économies. Mais après deux années successives dans le rouge, leur capacité de résilience va dans le mur », craint Eric Thirouin.

L’AGPB chiffre le manque de trésorerie moyen à 550 euros par hectare, un montant « colossal ».

« Un PGE est nécessaire pour passer le cap, pour permettre aux céréaliers de continuer à exercer leur activité », considère donc l’AGPB.

« C’est difficile de demander aux banques des prêts pour les activités courantes », note en effet Eric Thirouin. Quant au dispositif d’assurance récolte réformé en 2023, les céréaliers confrontés aux chutes de rendement les plus importantes pourront l’activer pour la première fois. Les autres ne pourront pas, à cause des niveaux élevés des franchises subventionnables (fixés à 20% ou 25% du rendement pour les assurés, et à 50% pour les non assurés), explique l’association. Seule une partie de leurs pertes sera prise en charge.

Un PGE ne sera pour autant pas suffisant, estime l’APGB. Au-delà de la « kyrielle de mesures standards dans les périodes de crise », à plus long terme, les céréaliers réclament aussi une révision profonde de l’orientation des politiques agricoles. « Les rendements en blé tendre décrochent depuis 2015 », et s’accompagnent d’une baisse des surfaces cultivées, analyse l’AGPB, pour qui cela est dû à la multiplication des « réglementations » pointée du doigt sans cesse par les agriculteurs.

Giulietta Gamberini

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