Il est parfois des intuitions qui donnent, plus tard, une solution parfaitement adaptée au besoin du marché. Il y a 6 ans lorsque Pierre Ippolito remarque que, déjà, les difficultés de recrutement freinent la croissance de ses clients – et par effet de ricochet celle du groupe qu’il dirige – il sent bien qu’il tient là un élément qui pourrait devenir, à terme, prégnant. Six ans et une crise sanitaire plus tard, le recrutement demeure plus que jamais un caillou dans la chaussure des patrons.
« Pour mes clients, ce n’était pas le camion que le Groupe Ippolito leur vendait qui constituait le problème, mais bien davantage l’absence de chauffeur pour conduire ce camion. L’enjeu de la croissance, ce n’est donc pas le matériel mais le chauffeur », explique Pierre Ippolito, le directeur général de l’ETI familiale implantée près de Nice, à Villeneuve-Loubet. « Je savais que les sujets RH seraient de plus en plus importants ».
Réponse adaptée aux vrais besoins du marché
Déjà intéressé par la création d’une branche dédiée au recrutement – « une idée innovante pour l’époque » – il va pourtant commencer par créer une académie de formation pour ses besoins propres. Car, fait-il remarquer, « on ne recrute pas toujours des personnes disposant de la formation adaptée » sans compter que ces mêmes formations évoluent, nécessitant des mises à niveau régulières.
Pierre Ippolito ne perd cependant pas son idée de vue et se rapproche, il y a un an, d’un cabinet de recrutement installé à Nice, lequel intègre également l’intérim. Arrive ensuite l’opportunité de reprendre un acteur historique de l’intérim d’insertion. T’Plus, créée par Yvon Grosso, un ancien président du Medef départemental, est bien ancrée dans le bassin économique local. Mais pour s’assurer une structuration solide, Pierre Ippolito se rapproche de deux autres acteurs du secteur, Marc Raiola, le dirigeant d’Interima et Laurent Laïk, celui du groupe La Varappe. Ainsi naît Ethic, (acronyme pour Ensemble Tournés vers l’humain – Ippolito Conseil, NDLR), porté par une holding commune. « Cela nous permet d’avoir une approche collective et territoriale et d’éviter que T’Plus ne rejoigne le giron d’un groupe national », pointe Pierre Ippolito, insistant sur l’intérêt collectif « de créer des dynamiques communes » plutôt que de s’inscrire dans une concurrence dénuée de sens.
En parallèle, l’académie de formation, jusqu’alors uniquement dédiée aux besoins du groupe, devient Ethic Formation et s’ouvre à l’ensemble des acteurs de la filière, une certification Qualiopi étant en cours d’obtention pour cet automne.
Devenir une ETI des RH
« Notre objectif est, à moyen-long terme, de faire d’Ethic une ETI de ressources humaines au niveau régional », indique Pierre Ippolito.
Mais doter la filière, les entreprises et le territoire d’un outil nouveau, qui forme en fonction des besoins du marché, n’est pas la réponse totale au problème. « Nous n’avons pas, pour autant, résolu la problématique de fond : celle de la valeur travail », regrette celui qui est également le patron des patrons azuréens, président de l’UPE06.
La conjoncture, qui se tend quelque peu, édulcore légèrement la problématique du recrutement. Plus attentistes, les entreprises sont prudentes dans leurs choix de développement, et, d’une certaine façon, l’offre et la demande s’équilibrent.
Pour autant, l’ETI française poursuit son plan de développement. Sans penser immédiatement à la création de nouvelles branches – « il faut que cela fasse sens avec le territoire » – l’objectif étant d’abord de consolider l’existant. « On ne transforme pas une structure en ETI en deux ans », fait remarquer Pierre Ippolito. Pour rappel, le Groupe Ippolito, qui emploie 1.140 collaborateurs, a réalisé en 2023, un chiffre d’affaires de 299 millions d’euros.
Lien source : ETI de la mobilité durable, le Groupe Ippolito crée une branche recrutement