mardi, avril 16

Framatome se substitue à la Russie pour fournir de l’uranium enrichi à la Bulgarie

L’Europe tente tout pour se sevrer de l’énergie russe. Ce vendredi, c’est la Bulgarie qui a signé un accord inédit de livraison d’uranium enrichi avec le groupe français Framatome en vue de se passer de combustible nucléaire russe. « Nous réalisons ainsi une diversification complète des livraisons de combustible nucléaire », s’est félicité le ministre par intérim de l’Énergie Rossen Hristov lors de la cérémonie de signature en présence d’un haut responsable du groupe. Le directeur de la centrale de Kozlodoui, Gueorgui Kirkov, a salué de son côté « un aboutissement ».

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Une centrale qui alimente les trois quarts du pays

L’unique site nucléaire du pays, de conception soviétique, comporte deux réacteurs de 1.000 MW chacun. Il fournit plus d’un tiers de l’électricité consommée en Bulgarie et fonctionnait jusqu’à présent grâce à du combustible russe. Le réacteur le plus ancien, qui date de 1987, doit recevoir du combustible de l’entreprise américaine Westinghouse Electric, après un accord similaire signé le 22 décembre.

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Selon les termes de l’accord passé avec Framatome, qui porte sur une durée de dix ans, le réacteur le plus récent de la centrale bulgare devrait pouvoir tourner dès 2025. Or, l’entreprise française dépend toujours de Moscou pour sa matière première. « Des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix conteneurs d’uranium naturel en provenance de Russie» destinés à Framatome ont été acheminés par cargo dans le port de Dunkerque, indiquait en novembre un communiqué de l’association Greenpeace. Une partie de l’uranium vendu par cette entreprise, détenue à 75,5% par EDF, est en effet extraite en Russie. Greenpeace a appelé « le gouvernement français à stopper les contrats sur le commerce d’uranium » entre la France et la Russie.

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Les conséquences de la pénurie de gaz russe

Mais il y a la nécessité pour Sofia de se passer des livraisons russes. La Bulgarie, qui dépendait avant la guerre en Ukraine pratiquement entièrement de la Russie en matière d’énergie, a accéléré ces derniers mois sa stratégie de diversification des ressources. Avec la Pologne, elle avait été l’un des premiers pays à subir la fin de son approvisionnement en gaz russe en avril. Elle reçoit désormais du gaz azéri et cherche à s’approvisionner en gaz naturel liquéfié (GNL) via la Turquie et la Grèce.

En Europe, tous les pays cherchent à diversifier leurs sources d’énergies. Ce mercredi, l’opérateur finlandais Gasdrid a annoncé l’arrivée d’un premier navire-terminal d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le pays. Avec cette infrastructure de regazéification, le pays baltique compte bien se sevrer du gaz russe qui constituait les deux tiers de sa consommation totale  en 2021, soit 1,49 milliard de mètres cubes, selon les données de Gazprom. Le gaz naturel ne représente quant à lui que 8% de la consommation totale d’énergie de la Finlande.

En décembre, c’est l’Allemagne qui a inauguré son premier terminal de traitement de GNL. Elle dépendait à 55% des importations de gaz russe avant le début de l’invasion de l’Ukraine en février dernier. Cinq autres terminaux flottants suivront en 2023. La France qui possède aujourd’hui quatre terminaux portuaires d’importation de GNL (deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir de Bretagne et un à Dunkerque) veut aussi renforcer ses infrastructures avec un nouveau site au Havre. Ce dernier devrait commencer à fonctionner en septembre 2023, selon TotalEnergies en charge de sa construction. La filiale LNG Services France de TotalEnergies va lancer, en janvier, une campagne pour la réservation de capacités de regazéification  sur son futur méthanier flottant du Havre, a indiqué mercredi le géant français de l’énergie. Cette campagne est destinée à « offrir au marché la possibilité de réserver jusqu’à 2,5 milliards de mètres cubes par an de capacités de regazéification » sur ce terminal, « pour une période de cinq ans à compter de septembre 2023 », date à laquelle il devrait être mis en service, précise l’entreprise.

(Avec AFP)

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