dimanche, octobre 6

Guerre en Ukraine : la Pologne triple ses effectifs militaires à ses frontières avec la Russie et la Biélorussie

La Pologne va tripler ses effectifs militaires à ses frontières avec l’enclave russe de Kaliningrad et de la Biélorussie. « Actuellement, il y a près de 6.000 militaires » mais « à terme, il y en aura jusqu’à 17.000, dont huit sur place et 9.000 en réserve », prêts à y être déployés en 48 heures, formant « une force de réaction frontalière rapide », a indiqué le chef de l’état-major de l’armée polonaise, le général Wieslaw Kukula, ce mercredi.

Concrètement, il s’agit pour la Pologne de soutenir les garde-frontières sur place et de parer à d’éventuelles « surprises » de la part de Moscou et de Minsk. « Tout le monde est conscient de la dangerosité de la situation, je pense ici à la guerre en Ukraine et à ce que fait la Fédération russe », a déclaré à la presse le vice-ministre polonais de la Défense, Cezary Tomczyk, tout en évoquant « des provocations incessantes » à la frontière polono-biélorusse

Le gouvernement polonais accuse de longue date la Russie et la Biélorussie d’orchestrer l’afflux de migrants vers la Pologne dans le but de déstabiliser la région au moyen d’attaques hybrides. Selon les gardes-frontières polonais, plus de 17.000 tentatives de passage illégal de la frontière biélorusse ont été détectées depuis le début de l’année, accusant certains migrants de comportements agressifs. En juin, un soldat polonais est mort poignardé au moment où des migrants tentaient d’entrer en Pologne, dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête.

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Fortifier la frontière

L’objectif de ce déploiement militaire par la Pologne est aussi de protéger et soutenir la construction d’importantes infrastructures de défense prévues dans le cadre d’un vaste programme gouvernemental nommé « Bouclier oriental ». Le gouvernement va investir plus de deux milliards d’euros dans le cadre de ce projet, comme l’a assuré en mai dernier le Premier ministre, Donald Tusk.

« Ce système de fortifications, de renforcement de 400 kilomètres de la frontière avec la Russie et la Biélorussie, sera un élément de dissuasion, une stratégie pour repousser la guerre à nos frontières », a-t-il ajouté, en précisant que les travaux avaient déjà commencé.

Le vice-ministre polonais de la Défense a précisé ce mercredi que les objectifs du projet devaient être atteints à l’horizon de 2028, et non plus de 2032, comme prévu auparavant. Selon lui, la Pologne a engagé des entretiens avec le Banque européenne d’investissements en vue d’obtenir son soutien financier et compte sur des décisions semblables au niveau européen. Il s’agit « non seulement de la sécurité de la Pologne mais aussi de celle des pays baltes », a souligné le général Kukula.

La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie y sont d’ailleurs également favorables. Leurs dirigeants, ainsi que le Premier ministre polonais, ont écrit fin juin à ce sujet aux institutions européennes afin d’obtenir une aide à sa réalisation. « L’ampleur et le coût de cette entreprise commune nécessitent une action spécifique de l’UE pour la soutenir politiquement et financièrement », ont-ils indiqué.

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En parallèle, face à la menace russe, la Pologne a entrepris une modernisation rapide de son armée. Le pays entend affecter à son secteur de la défense un budget d’environ 4% du PIB, là où l’Otan recommande 2% – c’est d’ailleurs le budget le plus élevé parmi les pays membre de l’Alliance. Sachant qu’entre 2022 et 2023, son budget consacré à l’armement est déjà passé de 12 à 20 milliards d’euros. Il a également lancé, à coup de milliards de dollars, une série d’achats d’équipements militaires, principalement aux États-Unis et en Corée du Sud.

Fervent allié de l’Ukraine

La Pologne n’est toutefois pas centrée que sur elle-même. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, elle a apporté un ferme soutien à Kiev. En témoigne l’accord de coopération bilatéral en matière de sécurité signé entre les deux pays pas plus tard que ce lundi.

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Ce dernier, similaire dans le fond à celui signé par l’Ukraine avec d’autres États, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ou encore l’Union européenne, évoque notamment un développement commun pour davantage de coopération politique, militaire et économique et de « coopérer étroitement à la reconstruction de l’Ukraine en tant qu’État souverain et démocratique ». Il renforce également l’aide à l’Ukraine et engage les pays à la poursuivre.

« Vous pourrez toujours compter sur nous », a assuré Donald Task à Volodymyr Zelensky.

En outre, en un peu plus de deux ans de guerre, la Pologne a « fait don de 44 lots d’armes et de munitions diverses » à l’Ukraine. Elle lui a aussi accordé une aide « sous la forme de formations, de logistique, de fournitures, d’entretien et de réparations ainsi que dans le domaine de l’assistance médicale ».

Et si la Pologne a arrêté, depuis septembre 2023, de lui livrer des armes, elle continue de maintenir sur son territoire un important hub destiné à fournir à Kiev les armes occidentales. Ces liens sécuritaires cruciaux sont approfondis notamment à travers la mise en place d’une coopération dans le domaine des industries de la défense, de la cybersécurité et des services de renseignements ainsi que d’infrastructures routières et ferroviaires entre les deux pays.

(Avec AFP)

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