dimanche, octobre 6

Le volume de la commande publique locale croît…en trompe-l’œil

À quelle sauce vont être mangés les élus locaux dans le budget 2025 ? C’est la principale question qu’ils se posent depuis que Bruno Le Maire a ciblé leurs dépenses. Les derniers propos de Michel Barnier ne devraient pas les rassurer: « Ce qui est clair, c’est qu’il y a une nécessité de partager l’effort de maîtrise de la dépense et que nous allons en parler avec les collectivités », a déclaré, ce week-end, le Premier ministre au Journal de Saône-et-Loire.

Leurs dépenses ont augmenté certes… Mais au service du pays, pourraient rétorquer les édiles, chiffres à l’appui. Selon le baromètre de la commande publique, publié ce mardi par l’association d’élus Intercommunalités de France et la Banque des territoires (groupe Caisse des dépôts), les collectivités ont acheté, en 2023, pour près de 45 milliards d’euros, contre 12,5 milliards pour l’Etat. Soit + 4,6% par rapport à 2022. Cette tendance s’est poursuivie au 1er semestre 2024: +1% comparé au 1er trimestre 2023.

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Effet JO

Les différents échelons n’ont néanmoins « toujours pas retrouvé le niveau de commande publique des années d’avant la crise sanitaire et de 2020 », pointent les auteurs de la note. Et de révéler que ces bons chiffres sont « portés par l’inflation ». « Si les premières tendances de 2024 sont encourageantes, elles restent très modestes, voire négatives si on déflate de l’inflation », poursuivent-ils.

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L’effet JO pourrait aussi être cet arbre qui cache la forêt. Alors que le volume moyen de commande publique réalisé en 2023 correspond à 1.294 euros par habitant, il est quasiment quatre fois plus élevé à Paris avec 4.819 euros. Soit 11% du total rien que pour la capitale et même 16% pour l’ensemble des départements franciliens. La Ville-lumière concentre l’hébergement de nombreux sièges sociaux ainsi que des acteurs et des institutions publiques disposant d’un chéquier plus important que le reste du pays.

Des disparités d’une strate à l’autre

Ces données globales cachent également des disparités d’une strate à l’autre. Autant les acquisitions communales ont bondi de 6,5% l’an dernier, puis de 2% début 2024. Pour autant, les achats départementaux ont augmenté de 0,9% avant de chuter de 10%. À mi-mandat, les maires concrétisent leurs promesses tandis que les présidents de conseil départemental restent plombés par la crise du logement, qui a fait plonger leurs recettes liées aux droits de mutation à titre onéreux, dits aussi frais de notaire.

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Autre enseignement de ce baromètre: les emplettes réalisées sont conformes à leurs compétences locales. 40% du total relèvent ainsi de la fabrique de la ville: 8,2 milliards d’euros pour la catégorie « aménagement, voirie, espaces verts » et 9,4 milliards pour les bâtiments publics. De fait, les communes pilotent la construction, l’entretien et la maintenance des écoles, les intercommunalités des équipements sportifs et culturels, type médiathèque, les départements des collèges et les régions des lycées.

César Armand

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