dimanche, octobre 6

Michel Barnier veut soutenir les agriculteurs en tant que « producteurs »

Pour Michel Barnier, l’alimentation et l’agriculture doivent être abordées avant tout sous l’angle du pouvoir d’achat. C’est en effet dans le cadre du premier de ses « cinq grands chantiers prioritaires », « le niveau de vie des Français », que le Premier ministre a choisi d’évoquer, dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, l’une des questions les plus urgentes auxquelles est confronté, après les crises agricoles de cet hiver et les négociations commerciales à venir, le nouveau gouvernement.

« Un autre poste essentiel de dépenses des Français, c’est l’alimentation. Elle doit être saine, variée, de qualité, traçable, et à la portée de tous », a-t-il rappelé, au moment où les prix alimentaires, après deux ans de forte inflation, commencent à décroître.

Une production « vitale »

Parallèlement, le Premier ministre a néanmoins pris garde de souligner sa volonté de soutenir les agriculteurs, notamment en tant que « producteurs »: « Leur production est vitale pour notre souveraineté alimentaire et pour la compétitivité de notre pays », a-t-il déclaré, en se rangeant ainsi plutôt clairement parmi les partisans d’une agriculture « productiviste ».

« Nous devons également les soutenir lorsqu’ils sont frappés par des crises, qu’elles soient climatiques ou sanitaires comme c’est le cas en ce moment avec la fièvre catarrhale ovine », a notamment lancé Michel Barnier, conscient que des annonces de mesures « fortes et immédiates » sont espérées face aux épizooties, notamment au sommet de l’élevage qui s’ouvre aujourd’hui à Cournon d’Auvergne, dans le Puy-de-Dôme.

Les agriculteurs défendus à Bruxelles

Le chef du gouvernement a toutefois aussi promis aux agriculteurs un soutien à plus long terme, notamment face aux autres maillons de la chaîne alimentaire, dont ils subissent la guerre des tarifs et des prix, qui écrase leurs revenus.

« Nous devons enfin leur donner des perspectives à long terme. Il faut renforcer la transparence sur les marges pratiquées par la grande distribution. Et encourager les contrats tripartites entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs », a assuré Michel Barnier, sans toutefois clarifier davantage ses intentions vis-à-vis de chaque acteur.

Le Premier ministre compte aussi répondre à l’une des principales demandes des agriculteurs, la simplification des normes, qu’elles découlent des collectivités territoriales, de l’Etat ou de l’Union européenne. « Nous allons reprendre avec vous (les députés, ndlr) le chantier ouvert par la loi de simplification. Mais tous les progrès ne passent pas par la loi. Bien des améliorations peuvent être mises en place par des mesures de mutualisation, de simplification et de déconcentration », a-t-il promis, et ce bien au-delà de l’agriculture. « (…) S’assurer que les négociations budgétaires et celle sur les accords de libre-échange respectent leurs intérêts et la réciprocité » figure encore parmi ses priorités à Bruxelles, conformément aux attentes du monde agricole, a-t-il précisé.

Une « grande conférence nationale » sur l’eau

Quelles limites à ce soutien aux agriculteurs découleront toutefois de l’« exigence », mise aussi en avant dans son discours de politique générale, de réduire la « dette écologique » de la France ? Les agriculteurs « ont résolument, et depuis longtemps, engagé la transformation de leurs filières. En investissant, en se modernisant, en s’adaptant au changement climatique. J’ai soutenu cette transformation quand j’étais leur ministre, en particulier avec le premier plan éco-phyto, et nous devons la poursuivre avec eux », s’est limité à affirmer Michel Barnier, en citant notamment l’un des principaux sujets de controverse entre les agriculteurs et les défenseurs de l’environnement: le plan de réduction des pesticides, que les premiers jugent déjà trop sévère alors que les deuxièmes le voudraient renforcé.

Le Premier ministre a notamment annoncé vouloir étendre les réflexions sur la question extrêmement sensible de l’eau, dont les agriculteurs voudraient se servir davantage et plus librement pour leurs cultures alors que la ressource se raréfie.

Lire: « Méga-bassines » : le gouvernement veut faciliter la construction de ces réserves d’eau controversées

« Sécheresses ou inondations, conflit des usages, pollution des nappes phréatiques, envolée des prix : soixante ans après la première grande loi sur l’eau, le moment est venu de consacrer aux enjeux stratégiques liés à l’eau une grande conférence nationale », a-t-il déclaré, sans toutefois fixer de date.

Le projet de loi d’orientation agricole repris « sans délai »

Quant aux outils de sa politique agricole, « pour relever ces défis, mon gouvernement reprendra sans délai le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture », a promis Michel Barnier. Après avoir été approuvée par l’Assemblée nationale, cette loi attend depuis la dissolution d’être examinée par le Sénat.

Le Premier ministre n’a en revanche pas évoqué l’avenir des lois dites « Egalim », censées protéger les revenus des agriculteurs, et dont une énième réforme avait été annoncée par Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture. Et ce, bien que le projet de loi d’orientation agricole ne prévoit rien pour le moment à ce propos.

Lire: Revenus des agriculteurs : ce que proposait la mission gouvernementale… avant la dissolution

Giulietta Gamberini

Lien source : Michel Barnier veut soutenir les agriculteurs en tant que « producteurs »