dimanche, septembre 8

Nouvelle-Calédonie : l’Etat va verser 130 millions d’euros supplémentaires

Il y a urgence en Nouvelle-Calédonie. Depuis la survenue des émeutes de mai, le territoire calédonien se trouve dans une situation économique très difficile. Le gouvernement va ainsi verser 130 millions d’euros d’aides supplémentaires, a annoncé ce mercredi le ministère de l’Economie.

« Ces aides de l’Etat permettront notamment de financer en septembre le fonctionnement des services publics (santé, électricité) et le versement de prestations sociales », indique Bercy dans un communiqué, précisant que leur versement sera conditionné « à l’adoption de réformes permettant d’améliorer le modèle économique et social néo-calédonien ».

Déjà 400 millions euros

Avec ce nouveau paquet d’aides, le soutien de l’Etat à la Nouvelle-Calédonie, depuis les émeutes qui ont ravagé le territoire et détruit son tissu économique, s’élève à 400 millions d’euros, hors soutien à l’industrie du nickel, ajoute le communiqué.

Dans le détail, « si les conditions fixées par l’Etat sont respectées », il versera sous forme d’avances remboursables 48,4 millions d’euros à la collectivité de Nouvelle-Calédonie, dont 41,9 millions pour financer le système d’assurance-maladie local et 4,8 millions d’euros pour éviter la cessation de paiement du gestionnaire du système électrique Enercal.

Alors que 100 millions d’euros ont déjà été versés au gouvernement de Nouvelle-Calédonie fin juillet pour financer la prise en charge du chômage partiel, 61,4 millions d’euros supplémentaires seront débloqués pour financer celui-ci aux mois de septembre et octobre.

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Selon les chiffres du gouvernement local, les destructions, pillages et incendies ont causé au moins 2,2 milliards d’euros de dégâts et près d’un salarié sur cinq est au chômage total ou partiel.

Un bailleur social proche de la faillite

Loyers impayés, arrêt des aides, taux de vacance élevé… La Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), acteur central du logement social dans l’archipel, risque la liquidation. Un tremblement de terre à la mesure de l’importance de ce bailleur, qui loge plus d’un Calédonien sur dix. Son déficit, de l’ordre de 5,8 millions d’euros par an, a encore plongé depuis mai et la crise institutionnelle qui a dégénéré en émeutes, triplant quasiment.

Une catastrophe alors que la SIC gère un parc immobilier de plus de 10.000 logements et loge environ 15% de la population calédonienne dont 27.000 personnes à Nouméa, soit un ménage sur cinq.

« La liquidation d’un bailleur social ? Je ne sais pas comment faire. Derrière les chiffres, il y a des gens, des familles », s’inquiète le dirigeant de la SIC Petelo Sao.

Reconstruire la Nouvelle-Calédonie

Fin août, le Congrès de Nouvelle-Calédonie a adopté une résolution demandant un soutien massif de l’Etat de 500 milliards de francs Pacifique (environ 4,2 milliards d’euros) pour reconstruire l’archipel.

Parallèlement, le gouvernement local a entamé des consultations publiques avant un plan de « sauvegarde, refondation et reconstruction » ambitionnant de changer le modèle économique et social de la Nouvelle-Calédonie.

Mardi, la cheffe de file loyaliste et présidente de la province Sud – la plus riche et plus peuplée de Nouvelle-Calédonie -, Sonia Backès, a été reçue à l’Elysée par Emmanuel Macron.

« Sur l’économie, nous avons échangé sur la nécessité de passer très très rapidement à une phase d’investissement public massif pour redémarrer la machine économique. (Le chef de l’Etat) m’a dit partager cette vision des choses », a-t-elle indiqué après la réunion.

L’économie du nickel en crise

Au cœur de l’économie néo-calédonienne, l’exploitation du nickel connaît une grave crise malgré un boom de la demande mondiale, lié à la fabrication de batteries pour les voitures électriques. Une crise qui exacerbe les tensions.

Le nickel produit en Nouvelle-Calédonie représente environ 8% des réserves mondiales selon un rapport de l’institut d’émission d’outre-mer (IEOM). Ce qui la place en quatrième position derrière l’Australie (24%), le Brésil (15%) et la Russie (9%). Et l’exploitation du nickel, indispensable à la fabrication d’acier inoxydable, est le poumon économique du « Caillou », qui détient 25% des ressources mondiales.

Le secteur traverse une crise économique sans précédent, plombé par la baisse du prix du minerai, qui a dévissé de plus de 45% en 2023, causant des pertes record pour les groupes exploitant les trois usines de l’archipel.

« La volatilité du cours du nickel, mais aussi des problématiques techniques, stratégiques et sociales ont provoqué des difficultés financières pour les trois opérateurs métallurgiques (l’opérateur historique calédonien SLN, filiale d’Eramet ; KNS; et Vale NC, filiale du groupe canado-brésilien qui a récemment cédé ses parts au consortium Prony Resources) », note la Banque de France.

 (Avec AFP)

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