samedi, avril 20

Retraites : les violences montent d’un cran, la visite de Charles III « dans le viseur » des syndicats

Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, « scènes de chaos » dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient… La première visite officielle à l’étranger de Charles III, se fera en France sous « haute surveillance » au regard des violences qui sont montées d’un cran lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi. Entre 1,089 million de manifestants, selon le ministère de l’Intérieur et 3,5 millions d’après la CGT se sont rassemblées pour cette neuvième journée.

À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits « sauvages ». À rebours d’un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

Lire aussiRetraites : la mobilisation marque un tournant, la contestation s’envenime

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 172 interpellations en France, et de 149 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, selon un bilan provisoire donné vers 22H00. La préfecture de police de Paris a fait état de 103 personnes interpellées dans la capitale. Gérald Darmanin a dénoncé la violence de « casseurs souvent venus de l’extrême gauche ».

« Le roi ne pourra pas prendre le tramway à Bordeaux »

Les syndicalistes disent maintenant avoir « dans le viseur » la visite du souverain qui sera accueilli en France du 26 au 29 mars, à partir de dimanche soir. « Nous continuerons à nous mobiliser et cette visite sera dans notre viseur », ont averti Mathieu Obry (Confédération générale du travail) et Yvan Fort (Force Ouvrière) dans le journal Sud-Ouest cette semaine.

« Il est quasiment certain que le roi ne pourra pas prendre le tramway » à Bordeaux comme il le prévoyait, a aussi anticipé Pascal Mesgueni, délégué de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) à la régie de transports Transports Bordeaux Métropole (TBM).

Emmanuel Macron « est assurément plus à l’aise avec les monarques qu’avec les élus du peuple auxquels il dénie le droit de voter sur sa réforme des retraites », a taclé Ian Brossat, porte-parole du PCF. Le sénateur socialiste, Rémi Cardon a, pour sa part, laconiquement observé « qu’il n’y aura pas de bain de foule » de Charles III et Emmanuel Macron.

À l’extrême gauche, le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, a résumé, hilare, sur franceinfo : Charles III, « on va l’accueillir avec une bonne vieille grève générale ! » Si le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, s’est dit « très serein » sur BFMTV avant le déplacement, Buckingham Palace garde cependant un œil inquiet sur les manifestations. Outre sa visite à Bordeaux et un dîner organisé au château de Versailles, Charles III se recueillera à l’Arc de Triomphe à Paris avant de s’adresser au Sénat, une première pour un monarque britannique.

Une nouvelle journée de mobilisation prévue mardi

Le monarque sera toujours en France lors de la nouvelle journée de mobilisation prévue mardi 28 mars par les syndicats qui ont été rassurés par les chiffres de la mobilisation et ragaillardis par des cortèges où les jeunes sont manifestement venus plus nombreux.

D’autant que l’exécutif reste inflexible sur sa réforme. Emmanuel Macron, qui était jeudi à Bruxelles pour un sommet européen avait, la veille, défendu bec et ongles une réforme « nécessaire » pour les finances publiques, assumant son « impopularité ».

Lire aussiEntre Emmanuel Macron et les syndicats, l’impossible réconciliation

À l’issue de ce nouvel épisode d’un conflit dont aucun camp ne semble chercher une sortie, les responsables politiques de gauche ont invité jeudi les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites, Fabien Roussel appelant à « mettre le pays à l’arrêt », et Jean-Luc Mélenchon à « jeter toutes les forces dans la bataille ». Pour Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, « Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple ».

(Avec AFP)

Lien source : Retraites : les violences montent d'un cran, la visite de Charles III « dans le viseur » des syndicats