Le nouveau Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a prononcé un discours inquiétant lors de sa première conférence de presse. Il a en effet affirmé que la sécurité de l’archipel n’a jamais été aussi menacée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette déclaration survient dans un contexte régional tendu, marqué par des escalades militaires et des essais d’armement de la part de pays voisins, notamment la Chine et la Corée du Nord.
Âgé de 67 ans, Ishiba est un vétéran de la politique japonaise : il a déjà occupé des postes clés comme celui de ministre de la Défense. Son expérience et son engagement pour une politique de sécurité plus affirmée l’ont amené à plaider pour la création d’une OTAN asiatique. Le Premier ministre considère cette initiative comme cruciale pour contrer le renforcement militaire rapide de la Pékin et les menaces croissantes de Pyongyang.
Menace coréenne
Ce climat de tension est également exacerbé par les activités militaires croissantes de la Corée du Nord distante de 1.000 km du Japon. Le président sud-coréen, Yoon Suk-Yeol, a récemment mis en garde Kim Jong-Un, déclarant que l’utilisation d’armes nucléaires par la Corée du Nord entraînerait la « fin de son régime ».
Lors d’un défilé militaire à Séoul, il a insisté sur la nécessité pour le Nord de renoncer à ses illusions nucléaires, tout en affirmant que toute provocation entraînerait une réponse résolue de l’armée sud-coréenne
« J’exhorte le Nord à abandonner l’illusion que les armes nucléaires le protégeront », a demandé Yoon.
Yoon a également renforcé l’importance de l’alliance avec les États-Unis, qui stationnent des milliers de soldats en Corée du Sud, pour dissuader toute agression de la part de Pyongyang. L’an dernier, elle signait un accord tripartie avec le Japon et les Etats-Unis.
Le 19 septembre dernier, certaines des craintes du Japon devenaient réelles. La Corée du Nord a testé un missile balistique doté d’une ogive « super-large », tout en intensifiant ses relations militaires avec la Russie. Kim Jong-Un a supervisé ces essais, soulignant la priorité accordée par son régime à l’augmentation de ses capacités militaires.
Les îles Senkaku sous tension
Outre la menace nord-coréenne, la montée en puissance militaire de la Chine – ennemi millénaire – constitue une menace directe. Pékin a intensifié ses activités militaires, y compris des incursions dans les eaux proches des îles Senkaku, que Tokyo revendique.
Ces tensions, combinées aux provocations de la Corée du Nord, créent un environnement d’insécurité croissante pour Ishiba, qui s’est engagé à renforcer la défense de son pays face à ces défis. En réponse à ces préoccupations, Ishiba a mis l’accent sur la cybersécurité et la protection des Japonais vivant à l’étranger.
Il a également évoqué la nécessité d’aborder la question de la pénurie de nouvelles troupes pour l’armée japonaise, un sujet devenu urgent dans un contexte où le Japon cherche à moderniser ses forces armées.
Au-delà des enjeux géopolitiques, Shigeru Ishiba a mis l’accent sur la nécessité d’une revitalisation économique et d’une inclusion sociale au sein de son gouvernement. Lors de sa première conférence de presse, il a souligné que « l’économie japonaise est sur le point de savoir si elle va sortir de la déflation », affirmant son intention de diriger les politiques fiscales vers la stabilisation et la croissance économique.
De plus, Ishiba a insisté sur l’importance d’une participation accrue des femmes dans les processus décisionnels, déclarant que les secteurs public et privé doivent « partager le même objectif », pour assurer une représentativité équitable dans toutes les organisations. Cependant, ce message a été bridé par la composition de son cabinet, qui compte seulement deux femmes sur vingt membres, soulevant des questions sur la véritable portée de ses engagements en matière d’égalité et d’inclusion.
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