vendredi, mars 29

Servier veut investir davantage dans la recherche contre les cancers

Les laboratoires ne connaissent pas la crise. Lors de son exercice 2022, Servier a dégagé un bénéfice d’exploitation de 442 millions d’euros, en hausse de 76% pour un un chiffre d’affaires de 4.876 milliards d’euros, en progression de 9,8% sur un an. Le  bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebidta) ressort à 859 millions d’euros (soit 17,6% de son chiffre d’affaires) en progression de 34,6%. De bons résultats qui proviennent en grande partie « de l’augmentation du chiffre d’affaires du secteur cardio-métabolisme et maladies veineuses (CMVD) », a expliqué Claude Bertrand, vice président exécutif des activités R&D du groupe, lors de la présentation des résultats annuels du groupe ce jeudi 2 février.

Cette activité, qui regroupe les traitements contre l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et qui bénéficie des ventes importantes de certains médicaments comme le Daflon et le Triplixam, a représenté 55,2% du chiffre d’affaires total consolidé du groupe sur l’exercice 2021-22.

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De nouvelles recherches tournées vers l’oncologie

Mais si le secteur phare du laboratoire lui rapporte, il n’est pas celui dans lequel le laboratoire a le plus investi en 2022. En effet, le laboratoire entend désormais développer les traitements contre les cancers. « Nous avons diminué nos recherches dans le secteur du cardio-métabolisme et des maladies veineuses pour aller vers l’oncologie », a ainsi indiqué Claude Bertrand, vice-président exécutif des activités R&D du groupe, lors de la présentation des résultats. Il a notamment affirmé que « plus de 50% [du] budget de recherche et développement, soit 6 milliards d’euros sur ces cinq dernières années, est dédié à la recherche de traitements contre les cancers et notamment les cancers difficiles à traiter ». Ainsi, sur 32 projets de recherche en cours en 2022, 17 ont concerné des traitements contre ce type de pathologie et aucun n’a concerné la branche principale du groupe (la CMVD). Servier se fixe comme objectif d’atteindre un chiffre d’affaires en oncologie supérieur ou égal à trois milliards d’euros en 2030, ce qui représenterait environ 40% du chiffre d’affaires total du groupe.

Le laboratoire justifie cette nouvelle orientation par « les besoins en oncologie [qui] sont énormes, car de nouveaux types de cancers sont découverts régulièrement et souvent ils sont rares dans le sens où ils touchent spécifiquement des populations peu nombreuses de patients », comme l’expliquait Olivier Laureau, dans une interview accordée à La Tribune en juin 2022.

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Le médiator colle à la peau de Servier

Une évolution qui pourrait aussi permettre de faire oublier le scandale du Mediator dans lequel le laboratoire Servier est impliqué. Son nom est, en effet, associé à celui de ce scandale sanitaire retentissant concernant un médicament indiqué dans le traitement du diabète de type 2 qui a été prescrit jusqu’en 2009 (soit pendant 33 ans), à des patients souhaitant perdre de poids. Provoquant d’importants effets secondaires, il est accusé d’être à l’origine de la mort de centaines de personnes à qui il aurait été prescrit. Un scandale qui a débuté en 2010 suite à la publication de Médiator 150 mg: Combien de morts ? de la pneumologue Irène Frachon et qui poursuit le groupe pharmaceutique depuis plus de 10 ans.

Le 29 mars 2021, Servier a été reconnu coupable en première instance de « tromperie aggravée » et d’ « homicides et blessures involontaires », avec une amende à payer de 2,718 millions d’euros.  Le laboratoire Servier a néanmoins fait appel. Un procès qui se tient devant la Cour d’appel de Paris depuis le 9 janvier pour une durée de 6 mois. À l’occasion de ce deuxième procès, le groupe Servier et son ancien numéro deux Jean-Philippe Seta, condamné à quatre ans de prison avec sursis et 90.600 euros d’amende, espèrent voir leurs peines réduites.

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