jeudi, avril 18

Transition énergétique : 60 à 70 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires chaque année, affirme Bruno Le Maire

L’équation promet d’être périlleuse. Alors que le gouvernement prévient de « réductions significatives » des dépenses dans le budget de l’Etat en 2024, celles dédiées à la transition énergétique devront être largement rehaussées. C’est en tout cas ce qu’affirme le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, dans un entretien publié ce dimanche dans le JDD. Car l’objectif est double : maîtriser les finances publiques, en ramenant le déficit « sous les 3% en 2027 » malgré des perspectives de croissance défavorables, tout en investissant massivement afin de faire de la France « la première nation industrielle verte d’Europe ». Et ce, par le biais d’un futur projet de loi accélérant la création de nouveaux sites industriels et incitant à la décarbonation.

Ainsi, « 60 à 70 milliards d’euros supplémentaires par an » seront nécessaire à la transition énergétique, chiffre le locataire de Bercy dans son entretien. Avant d’appeler les collectivités et les acteurs privés à participer à l’effort financier, estimant que « l’Etat peut en porter une partie mais pas la totalité » et qu’il devait jouer le rôle de « levier de l’investissement privé ».

« C’est tout l’objet du projet de loi que je présenterai en mai », indique le ministre.

Lire aussiIndustrie verte, retraites, fiscalité : les chantiers périlleux de Bruno Le Maire en 2023

Investissements dans le cadre de France 2030 

Pour rappel, le ministère de la Transition énergétique d’Agnès Pannier-Runacher bénéficie d’une enveloppe de 19 milliards d’euros sur 2023, un montant en hausse. Interrogé par le JDD sur les objectifs de réindustrialisation et décarbonation, Bruno Le Maire souligne par ailleurs qu’il y avait eu des « investissements massifs […] déjà engagés avec France 2030 », le plan d’Emmanuel Macron doté de 54 milliards d’euros déployés sur 5 ans (dont 34 milliards d’euros de nouveaux crédits), visant à développer la compétitivité industrielle et les « technologies d’avenir ».

Le ministre cite notamment le « plan hydrogène », avec 1,9 milliard d’euros supplémentaires pour la filière, ou encore la « construction de six nouveaux réacteurs nucléaires », même si officiellement, le programme de relance de l’atome n’est pas encore inscrit dans la loi. Enfin, il évoque « des usines de batteries électriques, notamment dans le Nord » financées dans le cadre de France 2030.

Mais cela reste insuffisant. Samedi, le président Emmanuel Macron l’a lui-même admis dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, affirmant que la France devait « doubler » son « taux d’effort » pour réduire ses émissions de carbone si elle voulait atteindre ses objectifs en 2030. « Aujourd’hui, on n’y est pas. Et si on ne change pas les choses, on n’y arrivera pas », a-t-il affirmé, en traçant un calendrier – de février à juin – des échéances à respecter par secteur d’activité (transports, agriculture…), deux jours après avoir réuni un discret « conseil de planification écologique » à l’Élysée.

Presque deux tiers du budget consacré au bouclier tarifaire

D’autant qu’une bonne partie du budget alloué au ministère de la Transition énergétique dans le projet de loi de finances pour 2023 (PLF) sera en réalité dédié à des mesures d’accompagnement face à la crise de l’énergie, plutôt qu’à des investissements de long terme dans la décarbonation.

En effet, sur les 19 milliards en question, presque deux tiers (12 milliards) seront consacrés à la prolongation du bouclier tarifaire en 2023, afin de limiter la hausse des tarifs du gaz et de l’électricité à 15% (contre plus de 100% sans mesures de l’Etat). Or, si cette aide permet, pour l’instant, de protéger les ménages de la flambée des prix observée sur les marchés, elle n’accélère en rien la transition énergétique.

Lire aussiÉlectricité : le tarif réglementé d’EDF va bondir de 108% en février, mais la hausse sera limitée à 15%

Lien source : Transition énergétique : 60 à 70 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires chaque année, affirme Bruno Le Maire