Le candidat de l’opposition à la présidentielle au Venezuela, Edmundo Gonzalez Urrutia, poursuivi après avoir contesté la réélection du chef de l’Etat Nicolas Maduro le 28 juillet, a pris l’avion vers l’Espagne, où il bénéficiera de l’asile politique.
L’opposant, qui vivait depuis plus d’un mois dans la clandestinité, était visé depuis le 3 septembre par un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présenté à trois convocations du parquet pour « désobéissance aux lois », « conspiration », « usurpation de fonctions » et « sabotage ». Dimanche matin, pendant qu’il volait vers l’Espagne à bord d’un avion de l’armée de l’air espagnole, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a déclaré que Madrid lui accordera « naturellement » l’asile politique.
« La position du gouvernement espagnol n’a absolument pas changé par rapport à ce qu’elle était avant le départ d’Edmundo González » du Venezuela, a-t-il assuré, démentant ainsi qu’il y ait pu y avoir le moindre accord entre Madrid et le régime du président Nicolas Maduro. L’Espagne, a-t-il dit, réitère « l’exigence que soient présentés les procès-verbaux » des bureaux de vote lors des élections présidentielles du 28 juillet et « qu’ils puissent être vérifiés », a poursuivi le chef de la diplomatie espagnole.
Si ces conditions ne sont pas remplies, l’Espagne « ne va reconnaître aucune prétendue victoire » de Nicolas Maduro.
Une élection largement contestée
Le Venezuela est plongé dans une crise politique depuis le scrutin présidentiel du 28 juillet, qui a vu officiellement Nicolas Maduro reconduit pour un troisième mandat de six ans. Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a toutefois pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.
Après l’annonce de sa réélection le 28 juillet dernier, des manifestations spontanées ont éclaté. Elles ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
Le Venezuela a en outre rompu le 29 juillet ses relations diplomatiques avec sept pays d’Amérique latine, dont l’Argentine, qui ne reconnaissaient pas la réélection contestée de Nicolas Maduro. Les Etats-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine ne reconnaissent pas non plus cette réélection . Une grande partie de la communauté internationale n’avait déjà pas reconnu sa réélection en 2018 à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition qui avait crié à la fraude.
Un sauf-conduit à l’opposant « dans l’intérêt de la paix »
Ancien ambassadeur, Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans, avait accepté de remplacer au pied levé comme candidat la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible. Les autorités vénézuéliennes ont annoncé samedi avoir délivré un sauf-conduit à l’opposant « dans l’intérêt de la paix » dans le pays.
Samedi, le Venezuela a toutefois aussi révoqué de « manière immédiate » l’autorisation donnée au Brésil de représenter l’Argentine dans le pays, et notamment de gérer la résidence de l’ambassade où six cadres de l’opposition vénézuélienne sont aussi réfugiés depuis mars. Les autorités vénézuéliennes assurent qu’elles disposent de « preuves » de « l’utilisation de la mission pour la planification d’actions terroristes » et de tentatives d’assassinat du président Maduro par les six opposants.
Le ministère brésilien des Affaires étrangères a aussitôt rappelé à Caracas « l’inviolabilité des installations de la mission diplomatique argentine ». Mais depuis vendredi soir, elle est encerclée par des forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.
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