La confiance dans une baisse rapide des taux directeurs est de plus en plus forte. Ce mardi, c’est Deutsche Bank qui a révisé ses prévisions de baisses de taux.
« A la suite d’une baisse encore plus importante de l’inflation IPCH en septembre que ce que nous attendions, nous avançons la prochaine baisse des taux de la BCE de 25 pb (points de base) de décembre à octobre », écrivent les analystes de Deutsche Bank, dans une note sous la direction de l’économiste Mark Wall.
L’inflation en zone euro a en effet nettement ralenti en septembre, à 1,8% sur un an, son plus bas niveau depuis trois ans et demi, grâce au recul des tarifs de l’énergie, selon des chiffres publiés ce mardi par Eurostat.
Pour rappel, la gardienne de l’euro a déjà baissé 0,25 point de pourcentage son taux de dépôt en septembre. Celui-ci est donc passé à 3,5%, tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal s’établissent respectivement à 3,65% et 3,90%. Une nouvelle baisse en octobre ramènerait un peu plus ces derniers vers les 3%.
Lagarde confiante sur le retour de l’inflation à 2%
Selon les analystes de la banque allemande, une réduction de taux de 0,5 point de pourcentage serait envisagé en décembre, bien qu’elle pourrait faire l’objet d’un débat serré au sein du comité de politique monétaire de la BCE.
La présidente de l’institution, Christine Lagarde, a exprimé lundi sa confiance quant à un retour de l’inflation à 2% en 2025, voire avant. Les développements récents sur les prix en zone euro « renforcent notre confiance dans le fait que l’inflation reviendra à l’objectif en temps voulu », a déclaré la patronne de l’institution lors d’une audition au Parlement européen. « Nous en tiendrons compte lors de notre prochaine réunion de politique monétaire en octobre », déterminante pour fixer le niveau des taux d’intérêt, a-t-elle ajouté. À ce jour, la BCE prévoit un retour de l’inflation en zone euro à 2 % d’ici fin 2025, mais ses déclarations de lundi laissent entendre que cela pourrait se produire plus rapidement.
Débats au sein de la BCE
D’autres membres de la banque centrale restent toutefois plus prudents. « Pour l’avenir, une approche progressive » pour réduire les taux « sera appropriée » si les prévisions de baisse de l’inflation se confirment, a déclaré l’économiste en chef de l’institution, Philipe Lane.
Isabel Schnabel, membre du directoire de l’institution rangée parmi les « faucons » – ceux qui prônent une stratégie monétaire restrictive – a elle récemment appelé à un assouplissement « progressif et prudent », argumentant que « l’inflation intérieure », c’est-à-dire celle des biens et services produits localement, « reste élevée à +4,4% » en zone euro, en grande partie à cause des prix élevés dans les services. Peter Kazimir, gouverneur de la banque centrale de Slovaquie et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a, lui, même plaidé ce lundi pour attendre le mois de décembre avant une prochaine baisse de taux.
Chez les « colombes », en revanche, adeptes d’une approche plus souple, Piero Cipollone, autre membre du directoire, a souligné le « risque » d’être trop restrictif, alors que l’économie chancelle et que l’investissement patine, dans un entretien au journal Le Monde.
Première baisse des taux pour la Fed
Le 18 septembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé une baisse de ses taux de mercredi d’un demi-point de pourcentage, une première depuis 2020, à 4,75-5,00%.
« Cette décision reflète notre confiance croissante dans le fait qu’avec un recalibrage approprié de notre politique, la vigueur du marché du travail peut être maintenue dans un contexte de croissance modérée et d’inflation en baisse durable vers 2% », a déclaré Jerome Powell, le président de l’institution, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion de l’institution.
La Fed a précisé dans un communiqué avoir désormais une « plus grande confiance » dans la baisse de l’inflation. Dans le détail, la banque centrale américaine a révisé à la baisse sa prévision d’inflation, à 2,3% fin 2024 et 2,1% fin 2025, quand elle tablait en juin, lors des précédentes prévisions, sur respectivement 2,6% et 2,3%, puis retrouver le niveau cible de 2,0% en 2026. L’institution monétaire pense également baisser encore ses taux d’un demi-point au total d’ici fin 2024.
(Avec agences)
Lien source : Vers une nouvelle baisse des taux de la BCE en octobre