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Agriculture : comment le programme Solnovo doit financer la régénération des sols

Les sols sont morts, vive une nouvelle agriculture ? Alors que la santé des sols demeure un grand impensé de l’agriculture conventionnelle, voici un programme qui pourrait faire date. Baptisé Solnovo et orchestré par le pôle Agri Sud-Ouest Innovation, cette initiative de recherche-action compte financer durant cinq ans neuf initiatives interprofessionnelles en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie pour régénérer les sols. Un milieu très vivant à l’origine mais mis à mal par les conditions intensives de culture et les intrants.

Présenté comme une forme aboutie de l’agroécologie, dont les préceptes sont issus de la permaculture, le programme repose sur trois piliers : des semis directs sans labour, une couverture végétale permanente et une diversité d’espèces cultivées. De quoi bousculer les pratiques conventionnelles et inciter à la transition. Une douzaine de collectifs agricoles entre les deux régions ont déposé des dossiers de candidature au programme entre septembre et novembre dernier.

Neuf collectifs ont été retenus* et seront en partie financés. Parmi eux figurent les différentes familles de l’agriculture : l’élevage, la viticulture, les grandes cultures, l’arboriculture ou la polyculture-élevage. La filière maraîchage n’est pas représentée car peu fédérée en réseau. Jusqu’en 2027, Solnovo va accompagner 161 agriculteurs disposant de 18.000 hectares de surface. Des profils différents, plus ou moins déjà engagés dans des démarches de transition. Le programme vise à aller vers des agriculteurs qui ont cette envie mais qui n’ont pas les connaissances , explique Lilou Cornu, chargée de mission pour Agri Sud-Ouest Innovation.

« Échec de la finance participative privée »

Si l’initiative veut œuvrer pour une meilleure rémunération des exploitants, il s’agira aussi de mesurer bénéfices environnementaux et externalités positives générées à moyen et long terme. « Aujourd’hui, on sait que les sols agricoles sont des sols morts », charge Julie Lefrère, ingénieure agronome qui officie également pour le pôle. « L’idée c’est de leur redonner de la vie en les travaillant moins. Les sols peuvent stocker du carbone et générer de la biodiversité dans nos exploitations. » Comme un laboratoire pour l’agriculture de demain, doté d’un montage financier global de 9,5 millions d’euros.

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Une somme abondée par le pôle, par des subventions des collectivités, par les groupements agricoles, aidés par les projets « Label bas-carbone », et par des partenaires privés. Mais l’équilibre recherché dans cette coordination n’a pas été trouvé malgré l’ouverture à une plateforme de financement en ligne. « On ne manque pas de volontaires côté agriculteurs mais on en manque du côté des financeurs privés, qui s’étaient initialement manifestés dans une visée RSE [Responsabilité sociétale des entreprises, ndlr]. C’est un échec de la finance participative privée », regrette Julie Lefrère, alors que la campagne s’achève ce vendredi 16 juin.

Si l’agriculture régénératrice des sols reste une nécessité méconnue, d’autres initiatives se développent dans ce domaine. Un appel à projet doté de 126 millions d’euros a été lancé à l’échelle européenne pour sélectionner un collectif par pays. Les candidatures seront closes en septembre et les dossiers sélectionnés mettront en place leur campagne dès juin 2024.

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*Les collectifs sélectionnés

En Occitanie : Carbo d’Oc (grandes cultures ; Centres d’études techniques agricoles), Conser’sols (grandes cultures et polyculture-élevage ; Chambre d’agriculture de l’Ariège), Sol’seli (élevage ; Fermes de Figeac), Solnov’eau en Ségala (polyculture-élevage ; Sol&Eau en Ségala).

En Nouvelle-Aquitaine : Madisol (viticulture ; GIEE Agro réseau 64), Pru’NA Grow (arboriculture ; Bureau national interprofessionnel du Pruneau), Topsol (grandes cultures ; Union des coopératives Entente), Vivasol (grandes cultures ; Coopératives de Mansle et La Tricherie).

Sur les deux régions : Poly-Herbagers (polyculture-élevage ; Association herbager pâturant Sud-Ouest).

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