lundi, mai 6

BforeAI lève 15 millions de dollars pour se positionner comme « météo de la cybersécurité »

Sa solution BforeAI est une suite logicielle de cybersécurité prédictive qui a donc vocation à prédire les cyberattaques. Luigi Lenguito a trouvé la formule qui claque : « Nous sommes la météo de la cybersécurité ! Nous analysons les mouvements sur Internet, nous récupérons les données réseaux, et grâce à l’intelligence artificielle, nous identifions les comportements malveillants et les signaux », résume-t-il. Objectif : prédire et empêcher les cyberattaques « plusieurs semaines à l’avance en demandant à nos clients de ne pas communiquer avec les serveurs malveillants identifiés ».

Luigi Lenguito a créé la startup à Lunel (Hérault) fin 2020, avec les Argentins Luciano Allegro et Sebastian Cesario, sur la base d’une technologie prédictive protégée par quatre brevets. BforeAI cible en priorité les grandes entreprises (notamment Philips), les banques (par exemple Volksbank) mais aussi les marques (Primark ou Dunkin Donuts). Autrement dit celles qui sont les plus exposées au risque de cyberattaque.

« BforeAI est un outil de protection parmi d’autres, qui sécurise le réseau de l’entreprise, ajoute Luigi Lenguito. Notre atout, c’est la vitesse et l’anticipation avant l’attaque. »

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« Une croissance 2023 de 500% »

Selon le rapport d’activité annuel 2023 du dispositif Cybermalveillance.gouv.fr, qui assiste les entreprises victimes d’actes de cyber-malveillance, la principale cyberattaque pour laquelle les entreprises ont demandé une assistance reste le piratage de compte (23,5 % des attaques), suivie par le hameçonnage (21,2 %) et le rançongiciel (16,6 %). Les principales menaces ayant augmenté sur un an sont les faux ordres de virement (+63 %), la défiguration du site internet (+61 %), et le déni de service (+41 %), une attaque qui rend inaccessible le serveur utilisé par l’entreprise. Côté collectivités, le rapport indique que le trio de tête reste inchangé même si en volume, les proportions augmentent, notamment pour les rançongiciels (+36%). Un constat plus significatif encore pour les défigurations de sites internet (+73%) et les virus (+54%).

Dans ce contexte, la startup BforeAI grandit vite. Aujourd’hui, elle emploie 54 salariés « de 24 nationalités et fully distributed partout dans le monde », précise le dirigeant qui annonce « 2 millions d’euros de chiffre d’affaires récurrent, avec une croissance en 2023 de 500% et depuis début 2024, une augmentation de 50% ». La majorité de ses clients sont aux Etats-Unis, soit 90% du chiffre d’affaires.

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Risque de fakenews et de désinformation

Après une première levée de fonds de 4 millions d’euros en 2022 auprès de trois investisseurs, BforeAI boucle un deuxième tour de table plus conséquent : 15 millions de dollars auprès de ses investisseurs historiques mais aussi de l’Américain SYN Ventures, spécialisé dans les investissements dans la cybersécurité et qui réalise avec BforeAI son premier investissement (11 millions de dollars) en dehors de son périmètre exclusif habituel des Etats-Unis et Israël.

« L’objectif de cette levée de fonds est de constituer une équipe vente-marketing aux Etats-Unis, sur la côte est, en particulier à New York, alors que jusqu’à présent, nous commercialisions principalement en direct, annonce Luigi Lenguito. L’objectif est aussi de poursuivre nos investissements en R&D à hauteur de 2 millions d’euros par an, pour améliorer notre technologie mais également l’adapter au risque de fakenews vidéo qu’on voit émerger et de désinformation. Un sujet qui intéresse en particulier les marques, victimes de cette désinformation sur les réseaux. »

Microsoft vient en effet de mettre au point une technologie d’intelligence artificielle qui permet de transformer une photo de visage et un échantillon de voix en une vidéo ultra réaliste d’un « visage en train de parler ». L’essor rapide de l’IA générative continue ainsi de susciter de nombreuses inquiétudes, notamment en termes d’exploitation à des fins de fraude et de désinformation.

La startup va donc recruter et Luigi Lenguito prévoit d’atteindre la centaine de salariés à la fin de l’année 2024, dont une quinzaine pour la R&D.

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Cécile Chaigneau

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