mercredi, mai 15

EPR de Flamanville : le chargement du combustible retardé de 15 jours

On est plus à quinze jours près. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le chargement du combustible du réacteur EPR de Flamanville d’EDF est repoussé à mi-avril au moins au lieu du 31 mars. Un léger accroc compte tenu de tous les déboires rencontrés par ce chantier.

En effet, si le démarrage se confirme à l’été 2024, il interviendra avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d’euros.

 « L’ASN va lancer dans les prochains jours la consultation sur le projet de décision de mise en service, c’est-à-dire qu’on va le soumettre aux commentaires du public pendant au moins 15 jours (…) voire 3 semaines, et à l’issue l’ASN prendra la décision de mise en service », a expliqué l’autorité de sûreté à l’AFP, confirmant des informations des Echos.

Un délai supplémentaire sans grandes conséquences

« Effectivement, ça nous repousse à mi-avril », a ajouté le porte-parole en référence à la décision de mise en service, « un préalable » pour qu’EDF puisse charger les barres de combustible nucléaire dans le réacteur. Compte tenu des « délais incompressibles » de cette consultation, le chargement du combustible, jalon clé pour le démarrage du réacteur, ne pourra donc pas intervenir avant « mi-avril », a estimé l’ASN.

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A cette date, le délai de mise en service de l’installation, fixé au 10 avril dans le décret d’autorisation de création sera expiré mais cela est « sans conséquence immédiate », et « n’empêche pas l’ASN d’autoriser la mise en service du réacteur », expliquait mi-mars l’ASN à l’AFP.

Jusqu’ici, le groupe EDF avait annoncé le chargement du combustible au 1er trimestre 2024, un objectif plusieurs fois répété. Mais l’Autorité de sûreté avait prévenu en janvier que le calendrier était « tendu » en raison des dernières vérifications de conformité à mener sur certains équipements sous pression, comme la cuve, pièce maîtresse d’un réacteur nucléaire. Ces derniers échanges ont prolongé la durée de l’instruction du dossier qui s’est finalement achevée « la semaine dernière », a précisé l’ASN à l’AFP.

Une manifestation d’opposants à Caen

« Après le chargement en combustible nucléaire du réacteur, les opérations de démarrage se poursuivront, avec notamment des contrôles de tous les systèmes liés à la sûreté, des essais et des qualifications de matériels réalisés tout au long de la montée en température et pression de la chaudière, puis lors de la montée en puissance du réacteur. A 25% de puissance, l’unité de production sera connectée au réseau électrique national », détaillait EDF en décembre 2022. Pour l’heure, la date du « couplage », c’est-à-dire son raccordement au réseau, est maintenue à mi-2024, selon les dernières informations réglementaires d’EDF publiées en décembre 2023.

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Ce à quoi s’oppose la députée écologiste Sandrine Rousseau qui participait samedi à Caen à une manifestation contre la mise en service du réacteur.  « L‘EPR de Flamanville ne doit pas démarrer, la relance du nucléaire doit être arrêtée, l’IRSN et l’ASN doivent être re-séparés », a-t-elle déclaré à cette occasion.

La parlementaire faisait référence à l’adoption en début de semaine par l’Assemblée nationale de la fusion controversée des deux acteurs de la sûreté nucléaire en France, l’ASN, gendarme des centrales, et l’IRSN, chargé de l’expertise technique.

EDF vise la construction de « deux lancements par an »

Après avoir fixé en novembre le cap à « 1 voire 1,5 (réacteur EPR2) par an » en Europe dès la prochaine décennie, le PDG Luc Rémont a revu en hausse  l’ambition du groupe à « deux réacteurs par an » dans un entretien accordé à Contexte, publié vendredi. Aujourd’hui, seules deux centrales dotées d’EPR d’EDF sont en marche dans le monde, en Finlande et en Chine.

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Le groupe est en discussion avec les Pays-Bas, en Slovénie, Pologne, Finlande et Suède, au moment où l’atome retrouve la cote, à la faveur de l’impératif climatique de sortir des énergies fossiles et d’une plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie, plus grand exportateur de centrales. En République tchèque, EDF est présélectionné avec son concurrent sud-coréen Kepco dans un appel d’offres pour quatre réacteurs.

(Avec AFP)

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