vendredi, mai 17

Fast fashion : le gouvernement a un plan pour lutter contre les « dégâts » de la marque Shein

Le gouvernement veut « combattre avec détermination » le modèle économique de l’entreprise chinoise emblématique de la fast fashion Shein qu’il juge responsable de « dégâts immenses » tout à la fois pour l’environnement, les humains et le secteur du textile.

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Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat chargée de l’Écologie, a dénoncé mardi un modèle de la fast fashion « destructeur pour notre planète, pour les conditions humaines des pays qui accueillent leur production et également destructeur pour le secteur du textile qui pourrait ne pas s’en remettre », lors d’une visite à Paris des locaux d’un incubateur de la mode responsable, La Caserne.

Mise en place d’un « éco-score »

En vue de la mise en place en 2024 d’un « éco-score », le calcul de l’impact environnemental du secteur textile, que devront afficher sur leurs sites les entreprises concernées, le gouvernement va « plancher pour trouver une bonne incorporation » de la part spécifique de la fast fashion, basée sur le renouvellement rapide des collections à très petits prix, a expliqué Mme Couillard.

L’affichage de cet indice environnemental sera « crédible pour les consommateurs » sans « effrayer » les industriels, a-t-elle assuré. Ce score doit contribuer à « dénoncer » le modèle économique sur lequel repose Shein, une marque qui cristallise par son ampleur les critiques des autorités publiques et des associations et qui selon la secrétaire d’Etat endosse « une responsabilité extrêmement forte ».

L’ONG Les Amis de la Terre avait vivement critiqué en juin l’impact environnemental et social « désastreux » de Shein, qui affiche selon son rapport « 470.000 modèles disponibles en temps réel » sur son site — des volumes « astronomiques », sans commune mesure avec des enseignes classiques. Shein est également accusé de travail forcé, de plagiat, d’incitation à la surconsommation.

« Une taxation plus forte pour des produits qui viendraient de l’autre bout du monde » est par ailleurs envisagée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire afin d’éviter « des importations qui puissent arriver à des prix défiant toute concurrence », a expliqué Mme Couillard.

Shein veut conserver une bonne image

Fondée en 2012 en Chine et basée à Singapour, l’entreprise ne vend qu’en ligne et cible dans le monde entier une clientèle jeune. En 2021, ses ventes ont bondi de 60%, propulsant son chiffre d’affaires à 16 milliards de dollars, selon Bloomberg, talonnant ainsi le suédois H&M. Et Shein, qui emploie actuellement 11.000 personnes à travers le monde, ne compte pas s’arrêter là. Le développement de la société s’appuie sur des équipes locales étoffées mais aussi la construction d’un entrepôt de 40.000 m2 en Pologne. Autre axe important de développement : la création d’une place de marché Shein. Or, produire toujours plus, c’est justement ce que leur reprochent associations et autorités publiques qui dénoncent ou tentent de contenir l’expansion du géant chinois.

La marque a assuré en mai être un fabricant « à la demande », « capable de (la) mesurer très finement », ce qui permet de réduire de manière « drastique » les invendus et donc la production de déchets. Plateforme de seconde main aux Etats-Unis, laboratoire de recherche de nouvelles matières, intégration de matière recyclée, Shein fait des efforts. Mais interrogé sur le manque d’informations disponibles en ligne pour les consommateurs sur ces vêtements faits à partir de matière recyclée, Peter Pernot-Day avoue que « la question est pertinente » et qu’il la fera « remonter aux équipes ».

(Avec AFP)

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