jeudi, mai 16

La Banque mondiale alerte la situation critique de certains pays pauvres

Difficile pour les pays pauvres de sortir de leur situation de pauvreté. Malgré leur important potentiel en matières premières et une population active jeune et en progression, plus de la moitié des 75 pays les plus pauvres de la planète ont ainsi vu leur PIB par habitant progresser moins vite que celui des pays riches sur la période 2023-2024, selon un rapport publié ce lundi par la Banque mondiale (BM). Il ressort aussi que, pour un tiers de ces pays, le PIB par habitant est plus bas actuellement qu’il ne l’était avant la pandémie de Covid-19.

Cela renforce les inégalités entre pays, selon cette institution qui s’est penchée sur les pays susceptibles de bénéficier de dons ou de prêts à taux concessionnels – c’est-à-dire à des conditions très favorables – de la part de l’Association internationale de développement (IDA), l’une de ses branches.

« Le bien-être de ces pays est essentiel pour la prospérité à long terme de la planète », a alerté le chef économiste de la BM, Indermit Gill, cité dans un communiqué.

Dans certains pays, la situation est d’ailleurs critique, avec un taux d’extrême pauvreté en moyenne huit fois supérieur à la moyenne mondiale. Près de 25% de la population y vit avec moins de 2,15 dollars par jour et 90% des personnes confrontés à la faim ou la malnutrition sont concentrés dans ces États, principalement situés en Afrique sub-saharienne ainsi qu’en Asie, de l’Est ou du Sud.

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Plus de coopération et de soutien financier

Rien n’est toutefois inéluctable : il existe en effet des solutions pour sortir ces pays de leur situation économique actuelle, selon la BM, qui s’appuie sur les exemples de la Chine, l’Inde et la Corée du Sud.

Ces « trois puissances économiques d’aujourd’hui ont été des pays profitant de prêts de l’IDA », a rappelé Indermit Gill. Elles « ont su prospérer de manière à faire disparaître l’extrême pauvreté et améliorer les conditions de vie. Avec l’aide internationale, les pays sous financement de l’IDA aujourd’hui ont le potentiel pour en faire de même », a-t-il ajouté.

Le rapport préconise ainsi un renforcement entre les institutions financières internationales. Mais pas seulement : il recommande aussi de la coopération sur les grands sujets mondiaux, tels que le réchauffement climatique, qui touche particulièrement ces pays, ainsi qu’une hausse significative du soutien financier.

Un sujet au cœur des échanges

L’aide aux pays en développement sera justement l’un des principaux sujets abordés à l’occasion des réunions annuelles du FMI et de la BM, qui se dérouleront à partir de ce mardi et durant toute la semaine à Washington.

« Il y a un besoin évident d’améliorer rapidement l’accès à l’air et l’eau propres ainsi qu’à l’énergie, mais nous ne réduirons pas la pauvreté sans une vision d’ensemble, et la première étape est d’ouvrir le scope de la Banque pour répondre à ce besoin et ainsi créer un monde sans pauvreté sur une planète vivable », a répété, lors d’une conférence de presse en ligne en fin de semaine dernière, le président de la BM, Ajay Banga.

Apporter des financements reste un point central pour aider à la transition énergétique et à la préparation face aux effets du réchauffement climatique des pays en développement ou les moins avancés. Outre le climat, la question de la dette des pays émergents ou en développement sera une nouvelle fois au centre des discussions, alors que les négociations entre créditeurs et pays endettés patinent dans un certain nombre de cas, retardant d’autant la mise en place de plans d’aide par le FMI, et la mise à disposition des fonds.

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Le paradoxe des institutions internationales

Reste que, selon un autre rapport, publié également ce lundi et réalisé cette fois par l’ONG Oxfam, les inégalités de revenus ont progressé dans 64 des 106 pays actuellement sous programme d’aide du FMI et de la BM. Ce phénomène est même particulièrement élevé dans une quarantaine d’entre eux, dont le Ghana, le Honduras ou le Mozambique.

« Le FMI et la BM présentent la lutte contre les inégalités comme une priorité mais soutiennent dans le même temps des politiques qui l’augmentent. Les gens ordinaires souffrent toujours plus du fait des coupes budgétaires dans la santé, l’éducation ou les transports. Ce haut niveau d’hypocrisie doit cesser », a déclaré dans un communiqué la responsable d’Oxfam à Washington, Kate Donald.

Plus encore, l’augmentation de la dette publique, notamment du fait de la hausse des taux d’intérêt, réduit d’autant la capacité de ces pays à financer correctement la santé, l’éducation ou les protections sociales nécessaires pour réduire les inégalités, estime l’ONG. Elle note toutefois un point positif : « L’accord signé par la BM visant à réduire les inégalités, une première en 80 ans, est une décision historique. Mais si la Banque veut réellement agir en la matière, le premier test sera d’en faire une priorité pour ses prêts aux pays les plus pauvres », a ajouté la responsable.

(Avec AFP)

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