vendredi, avril 19

La FARN, ce super-pompier du nucléaire français, unique au monde

Le 15 février, la Force d’action rapide du nucléaire, la FARN, vient de mener, un nouvel exercice simulant un accident nucléaire à la centrale de Cruas dans l’Ardèche. L’opération a mobilisé plusieurs dizaines d’agents EDF appartenant aux « forces spéciales » de l’électricien, comme ce fut le cas également du 9 au 15 décembre à la centrale nucléaire du Bugey, dans l’Ain, située à 25 km à l’est de Lyon. Objectif : s’entraîner à parer à différents types d’accidents

« Ce type d’entraînement a lieu en moyenne cinq fois par an pendant une semaineL’objectif est de s’exercer régulièrement sur des centrales différentes et à partir de scénarios variés », Llyod Alvado-Brette, le responsable de la Force d’action rapide du nucléaire basé à la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, dans le Loiret, l’un des quatre services régionaux de l’Hexagone.

L’alimentation en eau et en électricité, les deux risques majeurs

Deux risques majeurs d’agression sont en effet pris en compte en priorité par l’opérateur EDF. Il s’agit, d’une part, de la perte d’alimentation en eau assurant le refroidissement du cœur nucléaire de la centrale. Dans ce cas de figure, la FARN recrée le refroidissement grâce à des moyens extérieurs de pompage d’eau.

Le second type d’accident peut provenir, d’autre part, d’une perte de l’alimentation électrique provoquée par un phénomène météorologique. Inondation, vent violent, tempête – ou tsunami comme à Fukushima au Japon -, constituent les perturbations les plus redoutées par les autorités. D’énormes groupes électrogènes de 100 kilowatths (kW) viennent dans ce cas se substituer aux moyens énergétiques traditionnels hors d’usage.

Prise de conscience après la catastrophe de Fukushima

Regroupant quelque 300 agents, la FARN a justement été créée après la catastrophe de Fukushima, sur la côte est du Japon, survenue le 11 mars 2011. Afin d’améliorer la sûreté de son parc, EDF a mis sur pied l’année suivante cette force d’intervention rapide.

Sa mission est d’envoyer dans un délai de 2 heures une première équipe capable d’intervenir en soutien et secours d’une des centrales nucléaires de l’Hexagone qui se trouverait en difficulté. Une seconde équipe peut ensuite être activée sous 12 heures. Pour des questions d’efficacité opérationnelle, la FARN est fractionnée en quatre services régionaux installés dans les centrales de Dampierre-en-Burly, de Civaux (Vienne), de Paluel (Seine-Maritime) et de Bugey (Ain). Chacun d’eux comprend cinq « colonnes » d’une quinzaine d’équipiers, mobilisables 24h/24, soit environ 75 agents.

Deuxième caractéristique, l’expertise nucléaire des personnels qui la composent, tous volontaires. Les colonnes concentrent ainsi en leur sein les différents métiers spécifiques au nucléaire : conduite des installations, maintenance, services logistiques, et gestion de la radioactivité.

Placée sous le commandement d’Olivier Le Roux, colonel des sapeurs-pompiers de Paris, depuis son état-major basé dans la capitale, la FARN dispose de matériels à la hauteur des enjeux. Une cinquantaine de camions, véhicules 4X4, grues et barges forment la flotte de transport de l’unité. Côté équipement, la FARN est également dotée de tentes de décontamination.

Jamais déclenchée en situation réelle d’accident depuis sa création, l’unité devrait voir son rôle « d’assurance vie » du dispositif nucléaire hexagonal encore renforcé à moyen terme.

Interventions hors centrales nucléaires (tempêtes Irma, Alex…)

Premier pays nucléaire européen avec un parc de 56 réacteurs répartis dans 18 centrales, la France a vu cette position de leader confortée en novembre 2022 par le président de la République, Emmanuel Macron. Face aux incertitudes que fait peser sur l’économie la hausse vertigineuse des prix de l’énergie depuis 18 mois, le chef de l’État a annoncé la construction de trois paires de réacteurs supplémentaires dont la mise en service de la première débutera à partir de 2035.

Ces EPR2 viendront s’ajouter aux capacités de production d’électricité des centrales nucléaires de Gravelines dans les Hauts-de-France, de Penly en Normandie, de Bugey ou de Tricastin dans le Vaucluse. Cette montée en puissance pourrait être accompagnée d’une seconde tranche de 8 réacteurs supplémentaires à une échéance plus lointaine. Autant de paramètres qui accroissent la raison d’être de la FARN.

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L’unité est par ailleurs intervenue sur d’autres terrains que le nucléaire en une dizaine d’années d’existence. Ainsi, elle a permis de consolider les moyens de sauvetage mis en œuvre lors de la tempête Irma qui s’est abattue en 2016 sur l’île de Saint-Martin, dans les Caraïbes. Dans l’Hexagone, la FARN a apporté son concours lors de la tempête Alex qui a dévasté l’arrière-pays niçois en 2020 et menacé d’effondrement un barrage hydraulique.

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