dimanche, avril 28

Le gouvernement veut donner un coup de fouet au développement de la 5G industrielle

Aux yeux du gouvernement, la nouvelle 5G constitue une technologie clé pour numériser l’industrie française, et in fine, passer un cap en matière de compétitivité. Pour inciter les entreprises à s’y convertir, le ministère de l’Economie et des Finances a officiellement demandé à l’Arcep, le régulateur des télécoms, de lancer ses travaux pour leur attribuer de nouvelles fréquences. « Je demande à l’Arcep de me faire des propositions quant à l’attribution pérenne de fréquences pour servir les besoins des acteurs verticaux [c’est à dire des différents secteurs économiques, comme l’automobile, l’aéronautique, la sidérurgie, la santé ou encore l’agriculture, ndlr] », a déclaré Marina Ferrari, la secrétaire d’Etat en charge du Numérique et des Télécoms, ce lundi au salon Global Industrie à Paris.

Plusieurs bandes de fréquences pourraient être utilisées pour ces besoins. La première, et la plus probable, est celle 3,8 à 4,2 GHz. Celle-ci est, nous indique l’Arcep, encore en cours d’harmonisation au niveau européen. Marina Ferrari a indiqué que le bas de la bande 3,5 GHz figure aussi parmi « les bandes de fréquences candidates potentielles ».

Les entreprises veulent des fréquences pérennes

Concrètement, l’Arcep va désormais ouvrir une consultation publique « d’ici à la fin de l’année », précise le régulateur. Celle-ci permettra de recueillir les avis, les préférences des industriels et de tous les acteurs concernant cette attribution de fréquences. Le régulateur devra trancher sur plusieurs points importants. En premier lieu, à qui seront attribuées ces fréquences qui, rappelons-le, appartiennent à l’Etat ? L’Arcep peut faire le choix de les confier aux opérateurs télécoms. Dans cette hypothèse, il appartiendra, ensuite, aux Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free de proposer leurs services aux entreprises.

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Mais l’autorité peut aussi décider de vendre directement ce spectre aux industriels. C’est, par exemple, le choix privilégié par l’Allemagne pour servir sa puissante industrie automobile. Interrogé à ce sujet, Philippe Herbert, qui dirige une mission sur la 5G industrielle pour le compte du gouvernement, est catégorique: « Il faut faire comme en Allemagne », insiste-t-il. Confier ces fréquences aux industriels serait, d’après lui, bien plus efficace. Il reviendra également à l’Arcep de déterminer le prix auquel ce spectre sera vendu. Cela dépendra, bien sûr, des desiderata de l’Etat. En ces temps de disette budgétaire, on peut imaginer qu’il ne les cédera pas gracieusement. Aujourd’hui, « les réflexions sont ouvertes », affirme le gendarme français des télécoms.

La 5G, un prérequis pour prendre la vague de l’IA

Quoi qu’il en soit, cette attribution des fréquences aux industriels se situe dans le sillage de l’ouverture d’un guichet d’expérimentations par l’Arcep, en mars 2022, et pour une durée de trois ans. Celui-ci a permis aux entreprises d’accéder temporairement aux fréquences situées entre 3,8 et 4 GHz pour déployer des réseaux 5G et de se familiariser avec cette technologie.

Ce guichet a rencontré « un vif succès avec actuellement plus de 50 expérimentations en cours couvrant divers secteurs d’activités », affirme Marina Ferrari. Des industriels ont toutefois fait remonter à l’exécutif qu’il serait plus sécurisant d’avoir la certitude de bénéficier de fréquences de manière pérenne. La présente attribution a vocation à régler ce problème.

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Aux yeux du gouvernement, le développement de la 5G dans les entreprises constitue un prérequis indispensable pour prendre la vague de l’Intelligence artificielle, qui promet de révolutionner la manière de produire et de travailler. « Les avancées de la 5G ne sont qu’une étape d’une transformation plus profonde encore de notre appareil productif grâce à l’essor de l’intelligence artificielle pour l’industrie », insiste Marina Ferrari. Les performances de cette technologie sont, d’après la secrétaire d’Etat, jugées essentielles pour faire transiter de grandes quantités de données et alimenter les algorithmes d’IA. « Sans données de qualité, sans données massives, la révolution industrielle promise par l’IA n’aura pas lieu », prévient-elle.

Pour les opérateurs télécoms, cette transition annoncée vers l’IA est perçue comme un moyen d’élargir leurs activités. Orange Business, la puissante branche de l’opérateur historique dédiée aux entreprises, a lancé ce mois-ci une nouvelle offre d’Intelligence artificielle générative pour permettre aux PME comme aux grands groupes de développer leurs projets. Le numéro un français des télécoms ambitionne de gagner sur deux tableaux. Il y a celui de la connectivité, puisqu’il sait, en tant qu’opérateur, fournir un Internet à très haut débit, notamment via la 5G. Il y a aussi celui des services associés – qu’il s’agisse du cloud, de la puissance de calcul ou des solutions d’IA – où il se pose en accompagnateur des entreprises dans un écosystème aussi jeune que complexe.

Pierre Manière

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