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Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez « réfléchit » à démissionner après l’ouverture d’une enquête contre son épouse

La pression monte sur le Premier ministre en Espagne. Pedro Sanchez a annoncé mercredi « réfléchir » à une éventuelle démission après l’ouverture d’un enquête contre son épouse pour « corruption » et « trafic d’influence ».

Cette enquête préliminaire « contre Begoña Gómez », portant sur « des délits présumés de trafic d’influence et de corruption », a été ouverte le 16 avril après une plainte de l’association “Manos limpias” (Mains propres), a annoncé dans un court communiqué le tribunal supérieur de justice de Madrid.

Elle est placée sous le sceau du « secret de l’instruction », a ajouté le tribunal.

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l’information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec le groupe espagnol de tourisme Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à un moment où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement pour obtenir des aides face à la lourde chute du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l’époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce madrilène IE University, poste qu’elle a quitté en 2022.

Plan de sauvetage d’Air Europa

Selon El Confidencial, IE Africa Center avait « signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020 » et Begoña Gomez aurait participé à « une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l’époque où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d’euros avec le gouvernement » de Pedro Sánchez.

Ce plan a permis à Air Europa de toucher 475 millions d’euros en novembre 2020, issus d’un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la crise sanitaire.

La compagnie espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d’autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea…).

L’opposition de droite a appelé mercredi le Premier ministre à « donner des explications aux Espagnols », par la voix d’Ester Muñoz, membre de la direction du Parti Populaire (PP, droite). « Tout finira par se savoir », a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Depuis les premières révélations de la presse sur cette affaire voilà plusieurs semaines, le PP ne cesse d’attaquer le Premier ministre et son épouse. « Pedro Sánchez veut paraître calme, mais il est très nerveux », a ainsi assuré fin mars le chef de file de cette formation, Alberto Núñez Feijóo.

Interrogé mercredi au Parlement, Pedro Sánchez a assuré faire confiance à la Justice. « Un jour comme aujourd’hui, après les nouvelles que j’ai entendues, malgré tout, je crois toujours à la justice de mon pays », a-t-il assuré.

« Fausse accusation »

Plusieurs de ses proches sont montés au créneau dans les couloirs du Parlement, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

Il y a « une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir » et « diffamer », a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP « utilise une fausse accusation d’une organisation d’extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies » envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero.

Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l’origine ces dernières années de plusieurs poursuites judiciaires et s’est portée partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Elle est considérée comme proche de l’extrême droite, en raison notamment de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien responsable du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d’être impliqué dans un réseau d’extorsion de fonds, ce dernier avait été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a été finalement relaxé en appel le mois dernier, faute de preuve selon le tribunal.

(Avec AFP)

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