vendredi, mai 3

Luxe : toujours plombé par Gucci, Kering prévient que ses profits pourraient s’effondrer

Le géant du luxe Kering continue de boire la tasse. Le groupe, dirigé par François-Henri Pinault, a prévenu , ce mardi, que « compte tenu de la dégradation des tendances de chiffre d’affaires, le groupe anticipe désormais un recul de son résultat opérationnel courant du premier semestre 2024 de l’ordre de 40% à 45% par rapport au premier semestre 2023 ».

Un propos tenu lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Ce serait alors bien pire que la baisse constatée l’année dernière, où le groupe de luxe a fait état d’une chute de 15% du bénéfice opérationnel, et de 4% de son chiffre d’affaires. D’ailleurs, pour les trois premiers mois de l’année, Kering a déjà enregistré un chiffre d’affaires de 4,504 milliards d’euros, soit en baisse de 10% en données comparables par rapport aux revenus du premier trimestre 2023. Un chiffre qui dénote fortement avec celui de son concurrent LVMH, qui a affiché une hausse de ses revenus de 3%.

Surtout, Kering fait moins bien que le consensus des analystes qui tablaient sur une baisse de 9% selon UBS. « La performance de Kering s’est fortement détériorée au premier trimestre », a reconnu François-Henri Pinault. Si l’annonce a été faite après la clôture du cours de Bourse, le titre de Kering pourrait bien pâtir de la nouvelle à l’ouverture mercredi matin. A noter : entre janvier 2023 et janvier 2024, le groupe avait perdu 28%. Pour comparaison, sur la même période son concurrent LVMH n’avait perdu que 2%.

Gucci et la Chine pointés du doigt

Cette contre-performance montre les difficultés du groupe sur des marchés clés, en particulier la Chine. Là-bas, le secteur du luxe espérait une reprise rapide après la levée des restrictions sanitaires, mais ces anticipations ont été douchées par la crise immobilière dans le pays et le taux de chômage élevé chez les jeunes. Mais l’avertissement de Kering illustre surtout la forte perte de vitesse de sa marque Gucci.

Lire aussiLuxe : relancer Gucci, le grand défi de Kering pour revenir dans la course

« Nous prévoyions un début d’année difficile, les conditions de marché, notamment en Chine, et le repositionnement stratégique de certaines de nos maisons, à commencer par Gucci, ont accentué la pression sur notre chiffre d’affaires », a commenté le PDG de Gucci. Les ventes de la maison phare, qui représente près de la moitié des ventes du groupe et les deux tiers de son résultat d’exploitation, ont ainsi diminué de 18%, à 2,079 milliards d’euros. Ce, alors que le consensus attendait 14% pour Gucci.

« Compte tenu de ce recul et de notre détermination à continuer d’investir sélectivement dans la désirabilité et l’exclusivité de nos marques sur le long terme, nous anticipons une baisse significative du résultat opérationnel courant au premier semestre. Nous travaillons sans relâche pour surmonter les défis actuels et recréer les conditions nécessaires à une croissance durable à long terme », a ajouté le PDG du groupe.

Grand ménage chez Gucci

Face aux difficultés de Gucci, sa maison-mère a décidé de lancer un plan de relooking. Après s’être séparé du créateur artistique de Gucci, Alessandro Michele, en janvier 2023, auquel Sabato de Sarno a succédé, François-Henri Pinault a nommé l’un de ses plus proches collaborateurs à la tête de la marque italienne, Jean-François Palus, directeur général délégué de Kering.

Le groupe a aussi indiqué, lors de la présentation de ses résultats annuels en février dernier, vouloir mettre en place « une stratégie d’élévation » (montée en gamme). « Elle implique de continuer à investir pour nos marques dans le long terme », et non à chercher le retour à la croissance l’année prochaine, a expliqué la directrice financière de Kering Armelle Poulou, lors d’un échange téléphonique avec les agences de presse.

« Ce type de stratégie est vertueuse pour les marques à moyen-long terme mais requiert généralement beaucoup de temps et d’investissement avant de porter ses fruits », avait commenté pour La Tribune Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux, responsable de la recherche dans le secteur du luxe, en février.

Dans un tel contexte, « notre investissement continu dans nos maisons pèsera à court terme sur nos résultats », avait déjà prévenu toujours en février, François-Henri Pinault. Une note salée qui devrait donc surtout peser sur le premier semestre.

(Avec agences)

Lien source : Luxe : toujours plombé par Gucci, Kering prévient que ses profits pourraient s'effondrer