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Pourquoi le démarrage en trombe de la Citroën C3 électrique est en trompe-l’oeil

C’est l’une des voitures qui pourraient relancer Citroën. La C3 électrique ou ëC3, présentée en octobre dernier et ouverte aux commandes depuis janvier, a tout d’un succès. Affichée à 23.300 euros, éligible au bonus écologique car fabriquée en Slovaquie, elle sera la voiture électrique la moins chère du segment des citadines à sa sortie en France, le 13 juin prochain. Surtout, elle coupe l’herbe sous le pied à Renault et sa R5 qui ne sera en vente qu’à la rentrée prochaine, et dans les versions premium, se situent autour de 30.000 euros.

De quoi rebooster l’une des marques françaises de Stellantis, dont les ventes ont reculé de 17,7% en mars dans un marché en légère baisse de 1,5%. « Nous ne sommes pas dans les objectifs fixés initialement », avoue Sébastien Caron, directeur de Citroën France. Et les objectifs de Citroën sont clairs : atteindre les 10% de parts de marché le plus tôt possible alors que la marque oscille depuis le début de l’année entre 7% et 9,5%.

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Les premiers chiffres de vente sont prometteurs : autour de 9.000 C3 électriques ont été commandées dans l’Hexagone et 600 C3 thermiques ces trois derniers mois.

« C’est beaucoup pour une voiture vendue uniquement grâce à une photo », se réjouit Sébastien Caron. La marque avait déjà communiqué en décembre sur plus de 10.000 précommandes passées en Europe rien que sur le mois de décembre. Au total, 12.200 commandes ont réellement été effectuées.

Le leasing électrique, un trompe l’œil

En France, les chiffres sont à relativiser. De fait, sur les 9.500 ventes enregistrées, une grande partie a été boostée par le leasing électrique, ce dispositif d’aides gouvernementales qui a permis à Citroën de proposer sa C3 électrique à 54 euros par mois.

« La C3 électrique a représenté 15% du total des ventes en leasing électrique », précise Sébastien Caron. Or, le leasing social a été coupé mi-février, un mois et demi après son lancement, faute de financement côté gouvernement. Depuis, les ventes mensuelles de nouvelles C3 tournent plutôt autour de 1.000 à 1.500 voitures.

Une situation davantage gérable pour le directeur France de la marque aux chevrons, car le leasing électrique pose des questions sur la valeur de revente de cette C3 électrique dans trois ans, lorsque tous les modèles reviendront sur le marché. Le gros défi est également de tenir les délais. Et pour cause, toutes les commandes du leasing électrique doivent être livrées avant le 30 septembre prochain, sans quoi l’Etat ne versera pas l’aide de 13.000 euros sur la voiture, et Citroën devra compenser.

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« Je lutte pour avoir les véhicules à temps », a avoué Sébastien Caron, alors que le groupe teste sa nouvelle plateforme baptisée « Smart Car », la déclinaison de sa plateforme CMP, qui accueillera par la suite la nouvelle Fiat Panda, une autre citadine de chez Opel ainsi que la nouvelle C3 Aircross.

Renouvellement plan produit

Mais Citroën ne compte pas seulement sur sa nouvelle C3 pour redresser les ventes. Le directeur de la marque a annoncé la présentation des futurs C4 et C4X au Mondial de l’Auto à Paris en octobre prochain. Avant ça, la nouvelle C3 Aircross sera lancée cet été. Citroën a également renouvelé son véhicule utilitaire, le Berlingo, fin d’année dernière, dans le cadre du plan de renouvellement des utilitaires de Stellantis.

« En tout, 80% de notre volume produits est renouvelé, confirme Sébastien Caron, mais nous devons atteindre les 10% de part de marché sans ces nouveaux modèles ». Le directeur a ajouté que l’impact des ventes de la C3 ne devrait se voir qu’en fin d’année sur les résultats.

La marque va également proposer tous ces modèles en version microhybrides, un segment où elle était absente, et dont les immatriculations ont augmenté de 27% rien que sur le mois de mars. En tout, l’ensemble des véhicules hybrides concentre 37% du marché français et ne cesse d’augmenter ces dernières années.

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Intégrer l’AMI dans les immatriculations

Cette stratégie a pour ambition de replacer Citroën comme marque populaire à grand volume au sein du groupe Stellantis. Pour preuve, son plus récent lancement aux particuliers reste l’Ami, ce quadricycle à destination d’une clientèle plus jeune. Un choix judicieux puisque d’après le cabinet AAA data, le marché des voitures sans permis neuves a doublé entre 2019 et 2023, passant de 13.376 immatriculations à 26.238. Depuis janvier, les ventes de ces voitures ont progressé de 18%. Or, la marque aux chevrons représente près d’un tiers des ventes de ces véhicules et près de 70% dans les versions électriques aux particuliers. Le groupe Stellantis compte bien capitaliser sur ces petites voitures vendues entre 8.000 et 10.000 euros, avec deux autres modèles similaires chez Opel et Fiat.

« Ce serait bien que les ventes des Citroën Ami soient intégrées aux chiffres d’immatriculations », déplore Sébastien Caron. Ces chiffres pourraient en effet remonter la marque au sein du groupe Stellantis. Pour rappel, Carlos Tavares, son directeur général, a laissé 10 ans à chacune de ses marques pour être rentable.

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