vendredi, mai 3

Pressé par son nécessaire désendettement, Alstom vend une partie de ses activités en Amérique du Nord

A trois semaines de ses résultats, prévus assez singulièrement le 8 mai, Alstom poursuit sa stratégie de désendettement avec la cession de ses activités de signalisation conventionnelle en Amérique du Nord. C’est l’entreprise allemande Knorr-Bremse AG qui se porte acquéreuse pour 630 millions d’euros. C’est le double du chiffre d’affaires de cette activité qui génère environ 300 millions d’euros par an. L’entreprise française conserve en revanche certaines activités de signalisation en Amérique du Nord, comme celles concernant les métros et trains automatiques (systèmes CBTC et ETCS).

Cette opération de cession va permettre à Alstom d’assurer une partie de son plan de désendettement de deux milliards d’euros, dont les détails seront dévoilés à l’occasion des résultats annuels.

« Nous sommes ravis d’avoir signé cet accord qui marque une étape importante dans la mise en œuvre de notre plan d’action », a déclaré Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom, cité dans le communiqué.

Alstom avait annoncé lors de ses résultats semestriels en novembre son intention de céder entre 500 millions et 1 milliard d’euros d’actifs pour réduire sa dette et maintenir sa notation, peu après avoir révélé une consommation excessive de trésorerie.

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Suppression de postes

Outre des cessions, Alstom a d’ores et déjà annoncé la suppression d’environ 1.500 postes administratifs dans le monde dont environ 300 en France et envisage une augmentation de capital. Le groupe envisage aussi des centaines de licenciements au Royaume-Uni, en raison de négociations qui piétinent avec le gouvernement britannique sur des commandes et appels d’offres.

L’entreprise a également prévu de changer de gouvernance puisque les fonctions à sa tête vont être dissociées. Henri Poupart-Lafarge doit quitter la présidence pour rester directeur général à partir de juin, tandis que Philippe Petitcolin, ancien directeur général de Safran, doit devenir président du conseil d’administration.

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L’entreprise est confrontée à de gros problèmes de trésorerie. Elle brûle du cash. Et beaucoup même. En octobre 2023, le géant du ferroviaire français avait dévoilé un flux de trésorerie disponible négatif de 1,15 milliard d’euros au premier semestre de son exercice décalé 2023/2024, et qu’il tablait sur une fourchette allant de -500 et -750 millions d’euros sur l’exercice.

Raisons multiples

Malgré un carnet de commandes plein à craquer, avec 10 ans de production devant lui, Alstom s’est effondré en bourse. Sa valeur a fondu des deux tiers en trois ans, ce qui a poussé le constructeur ferroviaire hors du CAC 40 début mars.

Plusieurs raisons peuvent expliquer les déboires actuels du constructeur. Sur le plan structurel, Alstom subit, comme les autres, les faiblesses organisationnelles du secteur ferroviaire. Sur le plan conjoncturel, le groupe a été touché par la crise sanitaire puis par les perturbations qui en ont découlé, là aussi comme l’ensemble du secteur.

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Au-delà de ces problèmes sectoriels, le groupe français a aussi dû composer avec des problèmes spécifiques, liés notamment au rachat de Bombardier début 2021. Malgré une satisfaction de prime abord, Alstom a découvert de mauvaises surprises dans les contrats déjà en cours chez le constructeur canadien. Dès lors, le groupe français peine à digérer l’acquisition du son concurrent canadien pour 5,5 milliards d’euros.

Avec AFP

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