mercredi, mai 1

Salaire « décent » : le patron de Michelin se soucie du niveau de vie de ses salariés et ça ne joue pas sur la rentabilité

Mieux rémunérer ses salariés. C’est ce qu’a annoncé le groupe de pneumatiques Michelin mercredi à Clermont-Ferrand. Il compte, en effet, mettre en place un salaire « décent » pour ses 132.000 salariés dans le monde. Autrement dit, un salaire censé garantir une rémunération équivalente au « living wage » tel que défini par le Pacte mondial des Nations unies, a annoncé Michelin. En effet, selon l’Onu, le salaire minimal doit permettre « à chaque salarié de subvenir aux besoins essentiels » d’une famille de quatre personnes (alimentation, transport, éducation, frais de santé), mais également de constituer une épargne de précaution et d’acquérir des biens de consommation.

« C’est un engagement logique vis-à-vis de tous les salariés du groupe (…) Vous consacrez du temps à vous développer et à développer l’entreprise et en contrepartie nous, on vous donne les moyens au minimum pour une famille de quatre individus -deux parents et deux enfants – qu’un seul salaire permette de pouvoir envisager le logement, la nourriture mais aussi le loisir, un peu d’épargne, etc. », a, pour sa part, déclaré à l’AFP Florent Menegaux, PDG du groupe Michelin.

« Je crois, en effet, que les gens qui travaillent doivent pouvoir vivre correctement de leur salaire. Il faut qu’ils puissent se projeter, sortir de la survie », a également confié le PDG au quotidien Le Parisien.

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39.638 euros par an

En France, cela représente 39.638 euros par an pour un salaire brut à Paris et 25.356 euros à Clermont-Ferrand, où se situe le siège du groupe. Pour rappel, le Smic s’élève à 21.203 euros bruts. « En moyenne, le salaire décent représente entre 1,5 fois et 3 fois le salaire minimum », a précisé Florianne Viala, directrice de la rémunération du groupe.

Michelin exporte également ce modèle à l’international. En effet, au Brésil, le salaire « décent » de l’entreprise est de 37.347 réals (pour un salaire minimum à 16.944 réals) et en Chine 69.312 yuans (salaire minimum à 29.040 yuans).

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« Socle de protection sociale universel »

L’entreprise compte également aller plus loin que le salaire. D’ici fin 2024, les 132.000 salariés de Michelin bénéficieront d’un « socle de protection sociale universel » qui consiste en un congé maternité de 14 semaines minimum et un congé paternité de quatre semaines rémunérées à 100%. À titre de comparaison, en France, quelques entreprises, dont le groupe pharmaceutique Sanofi ou Abeille Assurances, offrent des congés paternité plus longs, de dix à quatorze semaines.

« La France est extrêmement protégée, mais on oublie qu’il y a tout un tas de pays dans le monde où cela n’existe pas », a souligné Florent Menegaux. « Ce qu’on veut, c’est que les personnes soient pleinement engagées dans ce qu’elles font », a-t-il ajouté.

Ce socle vise également à « protéger la famille d’un salarié décédé » avec le versement d’un capital décès d’au moins un an et d’une rente d’éducation pour les enfants, quelle que soit l’ancienneté du salarié. Une couverture santé est également proposée aux salariés et à leur famille.

« Michelin reste le leader mondial du pneu »

Mais quels sont les impacts de telles mesures sur la productivité ? Augmenter les salaires n’a pas eu d’impact négatif, estime le PDG. « Michelin reste le leader mondial du pneu et enregistre une croissance de sa rentabilité. Les salariés, lorsqu’ils sortent du mode survie, s’engagent plus fort, améliorent leur performance, contribuent davantage au bien commun et, au bout du bout, fabriquent du résultat », expose-t-il au Parisien.

Il n’empêche que le groupe a dû fermer des sites en France et dans le monde ces dernières années, à l’image de La Roche-sur-Yon en 2020. Plus récemment, il a fermé deux usines en Allemagne fin 2023 en raison des « coûts de production croissants », actant la suppression d’environ 1.500 salariés, dont des frontaliers.

Sur cette question, le PDG a sa réponse : « Michelin, comme n’importe quel groupe, a besoin d’opérer des restructurations ». Il explique néanmoins que le groupe prend deux engagements : « Redonner un futur professionnel stable aux salariés concernés » et « revitaliser économiquement la zone géographique » quittée.

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