vendredi, mai 3

Situées sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, les Maldives basculent dans l’orbite chinoise

La Chine sort gagnante des élections législatives aux Maldives. La victoire écrasante du parti du président Mohamed Muizzu va lui permettre de replacer l’archipel stratégique de l’océan Indien dans l’orbite de Pékin, estiment diplomates et analystes, sur fond de rivalité entre l’Inde et la Chine.

Selon les résultats préliminaires, le parti de Mohamed Muizzu, le Congrès national du peuple (PNC), disposera de 67 sièges dans ce parlement monocaméral qui ne compte que 93 membres. Une véritable bascule législative puisque le PNC et ses alliés ne disposaient que de huit sièges sous la législature sortante, ce qui avait paralysé Mohamed Muizzu, élu en septembre. Les députés avaient ainsi bloqué trois de ses nominations au gouvernement et refusé certaines de ses propositions budgétaires. En sous-texte, le Parlement sortant, dominé par le Parti démocrate maldivien (MDP) pro-Inde de son prédécesseur Ibrahim Mohamed Solih, avait cherché à contrecarrer ses efforts pour réorienter la diplomatie de l’archipel.

Des contrats attribués à des entreprises publiques chinoises

Une série de projets, financés et construits par la Chine, devraient désormais aller de l’avant. Le plus grand projet porte sur la construction d’une île dotée de 30.000 appartements à proximité de Malé, baptisée Ras Malé, et qui, selon les analystes, a motivé le vote des électeurs.

Mohamed Muizzu a choisi dès janvier la Chine pour sa première visite d’Etat, où il a signé une vingtaine d’accords. En avril, le président a attribué des contrats d’infrastructures à des entreprises publiques chinoises, une décision controversée en pleine campagne pour les élections législatives.

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Une semaine avant le scrutin, le président des Maldives a accordé des contrats d’une valeur de plus de 250 millions de dollars à des entreprises d’Etat chinoises pour la construction de trois usines de transformation de poisson. Un autre contrat, d’un montant non divulgué, a été attribué à une entreprise chinoise pour transformer une piste d’atterrissage nationale en aéroport international.

« En fin de compte, la Chine est la gagnante de ces élections aux Maldives », a conclu auprès de l’AFP un diplomate occidental à Colombo, capitale du Sri Lanka voisin.

Chine veut renforcer ses liens, aux dépens de l’Inde

Pékin a d’ailleurs déclaré lundi vouloir renforcer ses liens avec les Maldives, après la victoire du parti du président. « Nous félicitons les Maldives pour la réussite du scrutin et respectons pleinement le choix du peuple maldivien », a indiqué lundi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise interrogé sur l’élection.

« La Chine est prête à travailler avec les Maldives pour maintenir l’amitié traditionnelle et développer les échanges et la coopération dans divers domaines », a ajouté le porte-parole.

L’Inde, qui considère les Maldives comme faisant partie de sa sphère d’influence, voit d’un mauvais œil la présence de la Chine dans l’océan Indien et en particulier dans cet archipel, où son influence est grandissante depuis l’élection de Mohamed Muizzu.

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Lors de la présidentielle l’an dernier, ce dernier s’était engagé à expulser les 89 militaires indiens stationnés dans le pays pour piloter trois avions offerts par l’Inde aux Maldives afin d’effectuer des patrouilles sur leur vaste territoire maritime. Le retrait a commencé en mars avec le départ de 25 soldats stationnés dans l’atoll d’Addu, le plus méridional de l’archipel. Le retrait complet devra être achevé d’ici le 15 mai.

Ancien ministre de l’ex-président Abdulla Yameen

Le président Muizzu, ingénieur en génie civil de 45 ans, a été ministre de la Construction dans le gouvernement de l’ancien président Abdulla Yameen (2013-2018) et responsable de l’exécution de projets d’infrastructure aux Maldives, financés par la Chine. Pendant son mandat autocratique, Abdulla Yameen avait emprunté massivement à la Chine pour des projets de construction, faisant de l’archipel, célèbre pour ses stations balnéaires de luxe, un foyer de rivalité géopolitique.

Abdulla Yameen n’avait pas été autorisé à se présenter à l’élection présidentielle en 2023 en raison de sa condamnation à onze ans de prison pour corruption et blanchiment d’argent. Mais il a soutenu Mohamed Muizzu, qui a accédé au pouvoir en promettant de le libérer. Abdulla Yameen a promis de poursuivre la campagne anti-indienne, qui a permis à son allié de remporter la présidentielle de septembre dernier.

L’ancien président a finalement été libéré jeudi, à la suite de l’annulation par un tribunal de sa condamnation. La Haute Cour des Maldives a ordonné un nouveau procès, estimant que celui qui s’est tenu en 2022 n’avait pas été équitable.

(Avec AFP)

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