lundi, avril 29

A Sandouville, Renault achève sa phase de réindustrialisation et confronte Stellantis

C’était la dernière usine à attendre. À Sandouville, près du Havre, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et Edouard Philippe, maire de la commune de Seine-Maritime, encadrent Luca de Meo, le directeur général de Renault, pour annoncer officiellement aux salariés un tournant vers l’électrique.

Le site normand produira ainsi dès 2026 les nouveaux fourgons électriques de Renault, baptisés « FlexEVan » et destinés à la livraison du dernier kilomètre. Cette nouvelle génération de véhicules utilitaires ne sera pas le fruit de Renault seul, mais d’une co-entreprise avec Volvo, appelée Flexis. Dans le détail, les deux constructeurs envisagent d’y investir 300 millions d’euros chacun. Avec eux, le groupe CMA-CGM [propriétaire de La Tribune, ndlr] a confirmé son intérêt pour un investissement allant jusqu’à 120 millions d’euros.

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À ces montants, s’ajoute celui de Renault, directement dans son usine, à hauteur de 300 millions d’euros. Les 1.850 salariés de Sandouville garderont leur poste. En outre, 550 emplois supplémentaires seront créés d’ici 2028. « Cela fait vingt années d’activité devant nous, s’est réjouit Bruno le Maire. L’objectif est de répliquer ça partout en France. »

Après avoir fabriqué les véhicules haut de gamme de Renault, comme la Laguna et la Safrane, le site de Sandouville avait pris un nouveau tournant en 2014 avec la production d’utilitaires, comme le Renault Trafic, l’un des grands succès du groupe. Près de 600 véhicules sortent de l’usine chaque jour.

Le bras de fer avec Stellantis

A l’issue de déambulation entre les lignes de production, Bruno Le Maire et Edouard Philippe ont pu voir les maquettes de ces nouveaux fourgons électriques, mais sans la presse. Une seule information : cette nouvelle gamme de véhicules utilitaires embarquera le tout nouveau logiciel développé par Renault, en partenariat avec Google et Qualcomm.

Il s’agira de la première gamme de véhicules Renault à utiliser cette nouvelle architecture de véhicule. Elle permettra la mise à jour à distance de nombreuses fonctionnalités de la voiture, comme le freinage, la direction, l’éclairage ou encore le multimédia, tout au long de la vie du véhicule. Le pionnier de ce système est Tesla, mais de nombreux constructeurs comptent le challenger sur ce terrain.

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Avec 379.208 immatriculations de janvier à décembre 2023, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs a connu une hausse de presque 9% cette année, en dessous des véhicules particuliers en croissance de 16%. Sur cette branche de véhicules, Renault a vendu 114.372 utilitaires légers et 147.437 pour son concurrent direct, Stellantis. À eux deux, les constructeurs français détiennent 70% de ce marché. « En Europe, un utilitaire sur 6 est fabriqué par Renault », s’est réjoui son directeur général.

Les marges générées par les utilitaires, elles, sont généralement plus élevées que celles sur les véhicules aux particuliers. Un business juteux que ne veut pas perdre le constructeur français. Car l’électrique ne représente que 8% des ventes en 2023, deux fois moins que pour les voitures aux particuliers.

Une aubaine que Stellantis a su saisir le premier. En octobre dernier, le constructeur a annoncé pas moins de 12 fourgons électriques sur ses 6 marques : Peugeot, Opel, Fiat, Citroën, Vauxhall ou encore Ram. Renault doit donc passer à l’offensive rapidement s’il ne veut pas se laisser distancer sur ce terrain. D’autant que, là aussi, Stellantis a misé sur le “Software defined vehicle et les mises à jour à distances à partir de 2026.

Achèvement de la phase de réindustrialisation

Pour se différencier de son concurrent, Renault joue la carte du Made in France. Après la production de la R5 et du Scenic à Douai, de la future Renault 4 à Maubeuge et du recyclage à Flins, il ne manquait plus que cette usine française à reconvertir pour achever cette phase de réindustrialisation.

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 « Quand on achète une voiture italienne, on achète une partie de la culture italienne. Même chose pour les voitures allemandes. C’est donc pareil pour la France », s’était défendu Luca de Meo dans un entretien à La Tribune en mai, affirmant que ce choix du Made in France n’était pas directement lié à la part de l’Etat français dans le groupe. L’objectif du groupe est de produire 480.000 voitures électriques en France d’ici à la fin 2025.

Edouard Philippe et Bruno le Maire ont salué le courage de Luca de Meo, soulignant tout de même les difficultés restantes sur le plan de la réindustrialisation : le coût de l’énergie, l’accès au foncier ou encore la formation. Des mesures de quotas de femmes dans les écoles d’ingénieurs et d’aménagements fonciers des principaux ports français que sont Marseille, le Havre et Dunkerque ont été annoncées.

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