dimanche, mai 5

Bourse : bien qu’en baisse en 2023, les rachats d’actions continuent d’atteindre des sommets

Les entreprises sont toujours friandes de rachats d’actions, cette pratique qui consiste à racheter ses propres actions sur le marché. Et ce, même si le niveau de 2023 s’affiche en baisse de 14% sur un an, à 1.112,1 milliards de dollars, d’après le baromètre annuel réalisé par le gestionnaire d’actifs Janus Henderson, qui s’est penché sur les 1.200 plus grandes entreprises mondiales en termes de capitalisation boursière.

« Cette baisse part d’une base très élevée et laisse le total annuel bien au-dessus des niveaux d’avant la pandémie », explique-t-il en effet.

Il est vrai que les rachats d’actions avaient atteint un niveau record en 2022, à 1.310 milliards de dollars.

Une pratique toujours portée par les États-Unis

Les entreprises américaines demeurent les plus adeptes de la pratique dans le monde, avec près de 70% des rachats d’actions en 2023, à 773,1 milliards de dollars. Une chiffre néanmoins en baisse de 17% sur un an. Ce recul s’explique notamment par celui du secteur de la technologie : Microsoft et Meta ont réduit leurs rachats de près d’un tiers et Apple d’un septième, selon Janus Henderson.

Après les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et la France sont les pays où les rachats d’actions ont été les plus importants. Et il ressort d’ailleurs du baromètre qu’ils ont légèrement augmenté en Europe, sans pour autant retrouver leur record de 2021.

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Le versement de dividendes a la cote

Cette baisse du volume des rachats d’actions au niveau mondial est notamment une conséquence de la hausse des taux d’intérêt : les entreprises ont préféré utiliser leur argent pour rembourser leur dette plutôt que le consacrer aux rachats d’actions, comme l’a expliqué Ben Lofthouse, responsable d’une équipe actions chez Janus Henderson.

« Il s’agit pour les entreprises de trouver le bon équilibre entre les dépenses d’investissement, leurs besoins de financement et les rendements pour les actionnaires via les dividendes, les rachats ou les deux », précise-t-il.

Et d’ajouter : « De nombreuses entreprises utilisent les rachats comme une soupape de sécurité, un moyen de restituer l’excédent de capital aux actionnaires sans fixer des attentes de dividendes qui pourraient ne pas être viables à long terme ».

Reste que le versement de dividendes a, lui, fortement augmenté en 2023. Les 1.200 entreprises ont, en effet, versé plus de 1.655 milliards de dollars à leurs actionnaires, en hausse de 5,6% sur un an. Un niveau par ailleurs record, comme l’a annoncé Janus Henderson mi-mars. Cette tendance devrait d’ailleurs se poursuivre encore cette année : pour 2024, le gestionnaire d’actifs prévoit une croissance des versements de 3,9%. Ce, alors que la politique de versement de dividendes est à double tranchant pour les entreprises, les investisseurs réagissant souvent mal quand le dividende baisse, voire quand tout versement de dividende est suspendu, entraînant souvent une forte chute du titre à la clé.

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Les rachats d’actions dans le viseur

La France réfléchit d’ailleurs à taxer les rachats d’actions dans le cadre de la chasse aux « rentes » pour combler une partie du déficit public. Une task-force composée de quatre parlementaires est chargée d’identifier des pistes dans cette optique. Parmi elles : la taxation des rachats d’actions. « Ce n’est pas directement une rente, mais de l’argent qui n’est pas mis au service de l’investissement », estime l’un d’eux, Jean-René Cazeneuve, par ailleurs rapporteur du budget. Le chef des députés MoDem Jean-Paul Mattei, lui aussi membre de ce groupe de réflexion, y serait en tout cas favorable, ainsi qu’à la taxation des « superdividendes ».

Les syndicats, de leur côté, contestent ces vagues de rachats d’actions estimant que l’argent dépensé devrait être consacré pour les investissements, les créations d’emplois et les augmentations de salaires.

La France n’est d’ailleurs pas le seul pays à se pencher sur cette question d’une taxation. Aux États-Unis, le budget 2024 du président Joe Biden va même plus loin puisqu’il prévoit un quadruplement de la taxe qui s’y applique déjà.

(Avec AFP)

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