dimanche, mai 5

Nestlé a détruit une partie de sa production d’eau « par précaution » après de fortes pluies qui en ont dégradé la qualité

Après avoir constaté une dégradation de la qualité de l’eau de sa marque Perrier, Nestlé a joué la carte de la précaution. « Plusieurs lots de bouteilles », soit l’équivalent de « plusieurs centaines de palettes » habituellement livrées en magasin, ont été détruits a indiqué sa filiale, Nestlé Waters. Elle n’a pas précisé le volume concerné, seulement que « certaines références » de la marque d’eau pétillante seront disponibles « en moindre quantité ».

Interrogée par l’AFP, l’entreprise assure que « toutes les bouteilles sur le marché peuvent être consommées en toute sécurité ».

La filiale du leader mondial de l’agroalimentaire n’indique pas non plus la nature de la contamination. Elle évoque une « déviation microbiologique ponctuelle » apparue à la suite « des très fortes pluies liées à un évènement de type méditerranéen récent dans le Gard », à savoir la tempête Monica qui a frappé le sud-est de la France à la mi-mars.

Le puits concerné, dont l’exploitation a été suspendue, se trouve à Vergèze, où est historiquement puisée l’eau de la marque Perrier, créée en 1903. Il fait l’objet d’une « surveillance renforcée (…) à la demande des autorités ». Son exploitation « reprendra le moment voulu sous le contrôle des autorités », selon Nestlé.

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Nestlé en eaux troubles

Cette annonce intervient alors que le géant suisse de l’agroalimentaire est sous pression, secoué par plusieurs scandales depuis ce début d’année. Début avril, une note datant d’octobre révélée dans la presse a fait état de « contaminations microbiologiques d’origine fécale » au niveau des captages de certaines de ses sources. Outre Perrier, Nestlé est propriétaire des marques Vittel, Contrex et Hépar, puisées et embouteillées dans les Vosges.

Face à ces constats, l’agence sanitaire française (Anses) a recommandé « une surveillance renforcée » des sites de captage du groupe en raison « d’un niveau de confiance insuffisant » dans « l’évaluation de la qualité des ressources ».

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Dans la foulée et pour calmer le jeu, Nestlé a assuré avoir « intensifié la surveillance » de ses forages français « sous le contrôle des autorités ». Dans un entretien avec l’AFP, la présidente de Nestlé France, Muriel Lienau, a précisé que, depuis trois ans, « toutes les modalités d’opération de nos sites ont été revues » pour se mettre en conformité avec la réglementation française

« Chaque bouteille qui sort de nos sites peut être bue par les consommateurs en toute sécurité », s’est-elle voulu rassurante.

Concernant les mentions dans le rapport de contaminations d’origine fécale, « elles peuvent concerner certains des forages qui ne sont plus en activité », a-t-elle affirmé.

En parallèle, une enquête préliminaire pour tromperie est en cours par le parquet d’Épinal à l’encontre de Nestlé Waters, soupçonné d’avoir eu recours à des traitements illégaux (désinfection par lampe UV, filtration sur charbon actif) pour purifier ses eaux minérales. La réglementation française interdit toute désinfection des eaux minérales.

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L’État coupable ?

Dans ce contexte, le Sénat a lancé mi-avril une mission d’information parlementaire qui entend « faire la lumière sur les défaillances de l’État » en matière de contrôle des fabricants d’eaux en bouteille. « Des pratiques ont été cachées au grand public malgré l’information du gouvernement et nous pouvons soupçonner ce dernier d’avoir essayé de minimiser les conséquences pour les industriels. Si tout cela est avéré, nous souhaitons le mettre en lumière », a indiqué la sénatrice écologiste de Paris, Antoinette Gühl, nommée rapporteure de cette mission d’information.

« Alors que beaucoup de Français sont attachés à l’eau en bouteille, quitte à la payer parfois 100 fois plus cher, (…) il y a un problème important d’information du consommateur, de transparence et de finalité de l’action publique », a-t-elle ajouté.

Cette mission « flash » rendra ses conclusions d’ici le 15 juillet. Elle pourrait alors se doter des pouvoirs très renforcés de commission d’enquête « si nécessaire », a précisé la sénatrice. Le groupe socialiste au Sénat avait également demandé le lancement d’une commission d’enquête sur le sujet.

Nestlé n’est toutefois pas le seul géant des eaux visé par une enquête. Le groupe Alma, qui produit une trentaine de marques d’eaux en bouteilles en France – dont Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins – a confirmé à l’AFP faire l’objet d’une « procédure judiciaire » portant « sur des faits anciens et isolés propres à certains sites de production », assurant que Cristaline n’était pas concernée.

(Avec AFP)

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