samedi, avril 27

« Crise agricole » : les syndicats vont maintenir la pression jusqu’à la prise de parole d’Emmanuel Macron

Les agriculteurs avaient jusqu’à présent misé sur le Salon de  l’Agriculture, puis sur le Congrès national de la FNSEA, pour maintenir la pression sur le gouvernement après l’explosion de leur mouvement de colère en janvier. Lors de la clôture de cet important rendez-vous annuel du principal syndicat agricole, la prochaine étape cruciale a été fixée : la rencontre entre son président, Arnaud Rousseau, celui des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, et le président de la République.

« Qu’en est-il de l’ambition du chef de l’Etat ? (…) qu’il nous donne sa vision sans plus attendre », a déclaré Arnaud Rousseau devant les congressistes de la FNSEA jeudi 28 mars.

« Il faut maintenir la pression jusqu’à notamment la prise de parole du président de la République », a pour sa part incité Arnaud Gaillot.

« Nous sommes mûrs »

Le 24 février, lors de son inauguration chahutée du Salon de l’Agriculture, Emmanuel Macron avait en effet promis aux syndicats agricoles de les revoir trois semaines plus tard, vers la mi-mars. Cette rencontre a toutefois fini par être reportée sine die, les conditions n’étant pas encore réunies selon l’Elysée. La FNSEA, confrontée à une base encore insatisfaite des pourtant nombreuses concessions environnementales obtenues, se montre désormais impatiente.

« Le président de la République semble hésiter à nous fixer un rendez-vous, (…) estimant que la situation n’était pas mûre. Nous sommes mûrs et prêts à porter notre vision stratégique pour l’agriculture », a lancé Arnaud Rousseau, pour qui la vision portée par Emmanuel Macron en 2017, lors de son discours à Rungis sur la nécessité d’une montée en gamme de l’agriculture française, est dépassée.

Pas de date

Le président de la FNSEA assume par ailleurs explicitement exiger ce rendez-vous même sans avoir pleinement répondu à la condition initialement fixée par Emmanuel Macron.

« Le président de la République nous avait demandé quatre ou cinq mesures (permettant une sortie de crise, ndlr). Nous lui avons donné quatre ou cinq blocs de mesures. La crise ne se résoudra pas avec quatre ou cinq mesures purement symboliques », a-t-il estimé.

« Je crois comprendre que le président sera là la semaine prochaine », a même suggéré Arnaud Rousseau.

Aucune date n’a toutefois encore été fixée : « Je n’ai pas encore été approché pour un rendez-vous, ni de près, ni de loin », affirmé le président de la FNSEA.

Une « centaine » de projets hydrauliques en 2024

Dans l’attente, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, selon qui aussi « les choses sont mûres pour que le président dise sa perspective », a encore une fois tenté d’obtenir quelques temps de répit supplémentaire, en rappelant tous les progrès actés, mais aussi en annonçant quelques nouvelles avancées sur des attentes encore fortes des agriculteurs. Devant une salle plutôt disciplinée mais visiblement hostile, armée de pancartes avec des slogans du mouvement, il a notamment assuré que la loi adoptée en 2023, garantissant qu’à partir de 2026 la retraite des agriculteurs sera calculée sur les 25 meilleures années de revenus, sera appliquée.

Le ministre a également promis que le gouvernement va s’employer à ce que « dans tous les départements », « une centaine de projets (hydrauliques, ndlr) puissent sortir dès 2024 », en faisant particulièrement référence aux projets de stockage de l’eau bloqués. Certains d’entre eux, qui aujourd’hui dépendent à 70% en moyenne de fonds des Agences de l’eau, pourront désormais être financés directement par l’Etat, sur des crédits du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a promis Marc Fesneau. Le ministère disposera en effet en 2024 de 20 millions d’euros, et en 2025 de 30 millions d’euros, au titre du fonds hydraulique prévu dans le cadre du plan eau.

Le ministre a également évoqué une révision de la gouvernance des Agences de l’eau, agences d’Etat mais aujourd’hui indépendantes, afin de davantage les soumettre à la décision politique. Le ministre a encore promis davantage de « souplesse » sur des interdictions et obligations qui ne tiennent pas compte du changement climatique, ainsi qu’une unification des contrôles administratifs « avant l’été ».

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