dimanche, mai 19

Nucléaire : EDF a commencé le chargement d’uranium dans l’EPR de Flamanville

EDF n’a pas trainé. Au lendemain du feu vert de l’Autorité de sécurité nucléaire (ASN) pour la mise en service de l’EPR de la centrale nucléaire de Flamanville dans la Manche, l’électricien a commencé ce jeudi le chargement de combustible dans le réacteur, qui sera donc le 57e réacteur nucléaire français. Il s’agit de la première étape du démarrage progressif de la production d’électricité, avec 12 ans de retard.

« Les équipes d’EDF ont débuté le chargement des assemblages du combustible dans la cuve du réacteur le 8 mai 2024 à 14H », coup d’envoi des opérations de démarrage et d’essais avant un raccordement effectif au réseau électrique prévu à l’été. Le chargement des 241 assemblages d’uranium « durera plusieurs jours », ajoute le groupe.

« EDF poursuivra les opérations de démarrage, contrôle et essais, sur plusieurs mois, en lien étroit avec et sous le contrôle de l’ASN », ajoute le communiqué.

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Trois avis attendus

Le réacteur de 1.600 MW sera le plus puissant du parc nucléaire français. Le raccordement au réseau électrique (le « couplage ») n’interviendra que dans plusieurs mois, une fois que le réacteur aura atteint 25% de sa puissance. Ce n’est qu’en « fin d’année » que le réacteur devrait livrer ses électrons à 100% de sa puissance, selon EDF. D’ici là, l’électricien devra encore solliciter trois avis de l’ASN : « avant de démarrer la réaction nucléaire » (une étape qui peut prendre plusieurs semaines), au palier de puissance de 25%, puis au palier de 80%, a précisé mardi à l’AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l’autorité de sûreté.

Succession de déboires

Lancée en 1992 comme le fleuron de la technologie nucléaire, sur une collaboration initiale franco-allemande, le réacteur pressurisé européen (EPR) a été conçu pour relancer l’atome en Europe, après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, en promettant une sûreté et une puissance accrues. Mais à l’instar du premier chantier d’EPR, lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, celui de Flamanville démarré en 2007 aura connu une succession de déboires : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l’acier de la cuve, défauts de soudures… Des EPR ont déjà été inaugurés, deux en Chine puis celui d’Olkiluoto, mais les prochains réacteurs qu’EDF compte édifier en France et en Europe seront des EPR2, une version simplifiée, selon l’électricien. Le gouvernement français veut construire jusqu’à 14 réacteurs EPR2 en France.

La turbine s’appelle Christine

Christine, tel est le prénom choisi pour la turbine du nouveau réacteur nucléaire français, l’EPR de Flamanville 3, selon une tradition à EDF qui remonte aux débuts de la construction des centrales au pays de l’atome, à partir des années 1970. Dans la salle des machines, sous une hauteur de cathédrale, la turbine de 70 mètres de long ne pourra démarrer qu’après la « première réaction nucléaire », une étape qui peut prendre plusieurs semaines après le chargement du combustible dans le coeur du réacteur.

A proximité du réacteur, mais hors du dôme de béton, c’est ce turbo-alternateur qui produira l’électricité: alimenté par la vapeur issue d’immenses générateurs, chargés de transformer l’eau du circuit secondaire du réacteur, la turbine pourra tourner à 1.500 tours par minute.

Construite à Belfort par Alstom avant son rachat par General Electric, la turbine baptisée Christine est la plus puissante du parc nucléaire civil, un modèle « Arabelle 1000 », qui impose par ses dimensions: 6,55 mètres de diamètre, 1.100 tonnes…

Depuis les débuts de la construction du parc actuel dans les années 1970, une tradition a été installée à EDF, consistant à « donner à la turbine de chaque unité de production le prénom de la première assistante (de la direction) présente sur place », explique-t-on chez le groupe électricien national.

Ainsi à Civaux il y a Michèle; ou à Gravelines c’est Elisabeth. Le prénom est à chaque fois inscrit en lettres de métal au fronton du gigantesque enchevêtrement de tuyaux. Il faudra en tout cas attendre cet été pour que Christine commence à livrer ses premiers électrons au réseau électrique national.

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