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Pour la recharge de ses bus, Rouen parie sur la route électrique à induction

Entre 200 et 300 kilomètres, c’est la distance moyenne que peut parcourir un bus électrique avant de devoir se brancher à une borne de recharge pendant 4 à 6 heures. Par comparaison, son équivalent diesel est capable, lui, de rouler pendant environ 800 kilomètres avec un plein qui ne demande que quelques minutes.

Cette faible autonomie des bus électriques constitue un casse-tête pour les opérateurs du transport public que la réglementation pousse à se « verdir » tambour battant (*). Pour maintenir le même niveau de service avec zéro émission, villes et agglomérations se voient souvent contraintes de surarmer leurs flottes de véhicules à batterie ou de basculer vers la propulsion hydrogène, plus autonome, mais un peu moins mature et surtout…. beaucoup plus coûteuse.

L’hypothèse d’une troisième voie

La route électrique, bien qu’encore à l’état de prototype, pourrait-elle offrir une solution alternative ? C’est en tout cas l’une des pistes que cherche à explorer la Métropole de Rouen confrontée comme d’autres à cette équation compliquée. « La gestion de la recharge (des bus électrique, ndlr) est complexe du fait des délais longs et des autonomies limitées », rappelle-t-elle dans une délibération adoptée il y a quelques jours par les conseillers communautaires.

Le texte en question autorise la collectivité à créer un « groupement momentané d’entreprises » avec trois filiales de Vinci (Eurovia, ViaFrance et Citeos) et la startup israélienne Electreon Wireless. Leur but : expérimenter, en vraie grandeur sur une ligne de bus, la solution de recharge par induction mise au point par cette société immatriculée à Tel Aviv.

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Pour rappel, le principe de la technologie est relativement simple. Il a déjà été mis à l’épreuve notamment en Corée du Sud et en Grande Bretagne. À petite échelle, le système fait appel à deux bobines de cuivre, l’une enterrée sous la chaussée et alimentée par un courant électrique. L’autre placée dans le plancher du bus. Le transfert d’électricité entre les deux s’opère grâce au champ électromagnétique qui se crée lorsque les bobines sont alignées. Et ce, que le véhicule soit roulant ou à l’arrêt.

547.000 euros de budget

Dans le cas de Rouen, les deux options de recharge « statique et dynamique » seront étudiées. Concrètement, il est prévu d’équiper de bobines 100 mètres d’une voie de bus du centre-ville ainsi que le terminus de l’itinéraire auquel sera adossé un nouveau point de livraison électrique. L’ensemble assurera directement la recharge d’un véhicule (en l’espèce un bus de marque Higer fourni par Electreon) qui embarquera des passagers.

Objectifs : valider la pertinence du procédé en conditions réelles d’utilisation, mais aussi mesurer ses effets sur le vieillissement de la chaussée et sur les émissions d’ondes. Quant aux impacts financiers, ils sont déjà connus. Le coût estimatif du programme s’élève à 547.000 euros dont 200.000 euros à la charge de la Métropole, le reste étant assumé par les entreprises partenaires.

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L’exemple de Tel Aviv

Si rien ne vient gripper la mécanique, le top départ de l’expérimentation sera donné au second semestre de cette année. À première vue, le risque d’échec ou de mauvaises surprises est assez faible. À Tel Aviv où la startup israélienne a mené une expérience comparable en 2021 sur une ligne opérée par la compagnie Dan Bus, le test a été couronné de succès. Electreon revendique notamment « une augmentation de la disponibilité des bus et une réduction de la taille de leurs batteries de près de 90% ».

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De quoi renforcer l’intérêt de la Métropole rouennaise. Laquelle vient, en effet, de contracter un prêt de 50 millions d’euros auprès de la Banque Européenne d’Investissement pour acquérir 114 bus électriques, 14 bus à hydrogène et convertir au zéro émission (par rétrofit électrique) une petite trentaine de bus et une vingtaine d’autocars scolaires.

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(*) Depuis 2020, toutes les agglomérations de plus de 250.000 habitants doivent acquérir 50% de véhicules propres lors du renouvellement de leur flotte. Ce taux passera à 100% l’an prochain.

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