samedi, avril 27

Royaume-Uni : près de 8 millions d’emplois menacés par l’IA sans mesures du gouvernement, selon une étude

Une « apocalypse » pour les emplois au Royaume-Uni à cause de l’intelligence artificielle (IA). C’est ce que prévoit une étude de l’Institut de recherche sur les politiques publiques (IPPR), publiée ce mercredi. Dans un scénario du pire, jusqu’à 7,9 millions d’emplois pourraient disparaître à terme et se voir remplacées par des algorithmes. Ce, aussi bien dans des fonctions peu ou très qualifiées, allant du secrétariat à la gestion de données ou le graphisme.

« L’IA générative pourrait mener à des perturbations énormes du marché du travail ou à l’inverse doper la croissance économique », fait valoir Carsten Jung, économiste de l’IPPR.

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Des mesures pour éviter le pire

Comme le souligne l’étude, ces destructions peuvent être évitées. Des mesures fiscales pourraient en effet inciter à enrichir les emplois de nouvelles fonctions, tandis que certaines sont automatisées. Si le gouvernement britannique instaure des mesures protectrices, les postes monteraient ainsi en gamme en quelque sorte, ce qui n’entraînerait pas de pertes d’emplois, selon l’IPPR.

Cerise sur le gâteau : cela générerait en plus un gain de PIB de 13%, en dopant la productivité. À l’inverse le scénario le plus destructeur d’emplois n’entraînerait pas de gain de PIB, projette l’étude. Autre levier à développer pour que moins d’emplois soient touchés : favoriser ceux dits « verts » qui sont, d’après l’IPPR, moins exposés à l’automatisation.

Processus déjà enclenché

Reste que, selon le rapport, 11% des tâches sont déjà exposées à une première vague d’automatisation. Celle-ci menace les emplois à temps partiel, les emplois d’entrée dans l’entreprise. Des postes principalement occupés par les jeunes et/ou par les femmes. Ceux de gestion de données, de planification, de gestion d’inventaires, de service aux consommateurs ou l’administration, sont ainsi particulièrement menacés par cette première phase.

Lors d’une seconde vague, où l’IA serait intégrée dans des professions de plus en plus sophistiquées, l’étude estime que 59% des tâches « cognitives » pourraient être touchées, ce qui concernerait des emplois à salaires plus élevés (par exemple la création de bases de données ou du graphisme).

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Tout n’est pas à jeter

L’étude ne trouve toutefois pas que des mauvais côtés à l’IA. Selon ses rédacteurs, le déploiement de l’IA peut, par exemple, aider à palier les pénuries de services sociaux en allouant des travailleurs dans l’aide sociale et les soins de santé mentale au lieu de les employer à des tâches administratives.

Un constat partagé outre-Manche, comme en France. Le rapport du comité interministériel sur l’intelligence artificielle générative, présenté mi-mars, indique que le nombre d’emplois ayant un potentiel d’amélioration par l’IA (13,4%) est bien plus élevé que celui ayant un potentiel de remplacement par l’IA (5,1%). Ses auteurs estiment par ailleurs que l’IA générative participera à plus de création d’emplois qu’elle n’en détruira et que 5% des emplois français sont directement remplaçables par les algorithmes. Le rapport préconise ainsi au gouvernement français d’investir cinq milliards d’euros d’argent public par an en faveur de l’IA.

Il n’empêche que, pour le moment, le potentiel de l’IA suscite encore de vives inquiétudes partout dans le monde. En raison des risques que cette nouvelle technique fait peser en matière d’emploi, mais aussi de propriété intellectuelle ou de fraudes, en pleine année 2024 où vont se tenir de nombreuses élections. Si bien que les grandes puissances tentent de la réguler, à l’instar de l’Union européenne ou des États-Unis.

(Avec AFP)

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