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Sûreté aérienne : l’aéroport d’Ajaccio pointé du doigt par la DGAC pour des « défaillances graves »

Alors que la saison touristique approche, la sûreté de l’aéroport d’Ajaccio a été pointée du doigt ce mercredi par le préfet de Corse. « Depuis décembre 2022, trois missions d’audit successives des services de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) ont révélé des défaillances graves de la mission d’inspection-filtrage opérée à l’aéroport d’Ajaccio », a précisé Amaury de Saint Quentin, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Lors du dernier contrôle opéré en janvier 2024, aucune amélioration significative n’a été observée », selon le préfet, précisant que « plus de la moitié des défaillances relevées 18 mois plus tôt, dont les plus graves, n’avaient fait l’objet d’aucune action corrective concrète ». Un communiqué salé qui affirme même que « ces constats ne permettent pas de garantir aux usagers de l’aéroport d’Ajaccio le niveau de sécurité minimal assuré dans l’ensemble des aéroports », regrette le préfet en pointant « le contexte d’élévation du plan Vigipirate à son niveau le plus élevé “Urgence attentat” le 25 mars dernier ».

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La Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse pointée du doigt

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse, gestionnaire des aéroports dans l’île de Beauté et donc directement mise en cause dans l’affaire, s’est défendue ce même jour. « Le niveau de sécurité et de sûreté des usagers de l’aéroport n’a jamais été dégradé, seul le débit et la fluidité des passages aux postes d’inspection-filtrage sont altérés tant que les effectifs disponibles seront en nombre insuffisant », a-t-elle répondu dans un communiqué la CCI.

« Les principaux dysfonctionnements observés remontent à de nombreuses années, des décennies parfois », ajoute la CCI, assurant avoir de « nombreux (éléments pour) démontrer l’information régulière des autorités concernées ».

Interrogé par l’AFP sur ces dysfonctionnements, Jean Dominici, président de la CCI, a répondu « que la sûreté de l’aéroport d’Ajaccio a toujours été un problème (…) mais il n’y a pas de dysfonctionnements ». « Le seul, c’est qu’il y a des attentes, mais aujourd’hui la sécurité est respectée », a-t-il insisté.

L’entreprise de sécurité de l’aéroport au cœur d’une affaire judiciaire

Au centre de cette affaire, se tient aussi la société SAP SUR à qui la CCI a attribué le marché public de la sûreté aéroportuaire à Ajaccio. Un marché public de la sûreté de l’aéroport évalué à 11 millions d’euros et qui est déjà au cœur de procédures judiciaires.

Le 6 février dernier, le directeur de la société SAP SUR a, en effet, été mis en examen pour « extorsion en bande organisée, association de malfaiteurs et recel de favoritisme » par un magistrat instructeur de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille. L’enquête avait démarré après la plainte, fin mars 2023, d’un responsable de la société Samsic Airport, seul autre soumissionnaire pour l’appel d’offres, qui indiquait avoir reçu un appel de menace juste avant de se rendre en Corse. Samsic avait ensuite retiré son dossier de l’appel d’offres.

Mesures d’urgence

En attendant de trouver le ou les responsables, le préfet a décidé que « pour remédier de manière urgente à ces défaillances récurrentes », la CCI « a été placée sous surveillance renforcée par la DGAC, le 9 avril 2024, permettant de manière immédiate l’augmentation des moyens de l’Etat dédiés au contrôle de la bonne réalisation des missions de sûreté », a indiqué Amaury de Saint Quentin, précisant qu’il avait pris des « mesures coercitives » vis-à-vis de la CCI dès le 29 mars.

« Ces mesures renforcent la priorité donnée aux contrôles de sûreté sur les activités annexes de l’aéroport, afin de garantir leur bonne exécution », a-t-il détaillé.

De son côté, la CCI de Corse a annoncé avoir entrepris « d’internaliser à très court terme » l’ensemble des missions d’inspection-filtrage de l’aéroport d’Ajaccio « afin de solder définitivement cette période de fragilité opérationnelle et d’incertitude financière ».

(Avec AFP)

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