dimanche, avril 28

Automobile : la Chine porte plainte contre les subventions américaines de l’Inflation Reduction Act

Pékin veut garder son avance sur les véhicules électriques. Ce mardi, la Chine a porté plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les subventions accordées par les Etats-Unis au secteur américain des véhicules à énergies nouvelles, a annoncé ce mardi Pékin, accusant Washington de concurrence déloyale.

Le grand plan américain pour le climat IRA (Inflation Reduction Act), adopté en 2022, prévoit « des subventions discriminatoires pour les véhicules à énergies nouvelles (…), fausse la concurrence loyale, perturbe gravement les chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales des véhicules à énergies nouvelles et viole les règles de l’OMC », a critiqué le ministère chinois du Commerce.

« La Chine s’y oppose fermement », a déclaré le ministère, en ajoutant qu’il exhortait les Etats-Unis à respecter les règles de l’OMC et à corriger ces « politiques industrielles discriminatoires ».

La Chine leader mondial de l’automobile électrique

Pour rappel, en 2023, la Chine a détrôné le Japon au rang de premier pays exportateur mondial de véhicules, avec 5,22 millions de véhicules exportés l’an dernier, dont un sur trois étaient entièrement électriques, selon des données des douanes chinoises. Des dizaines de constructeurs locaux se sont lancés dans une guerre des prix en Chine, premier marché automobile mondial.

Parmi ces challengers chinois, se tient BYD, premier fabricant mondial sur le créneau de l’électrique, et qui a réalisé un bénéfice net record de 30,04 milliards de yuans (3,83 milliards d’euros) en 2023 contre 16,6 milliards de yuans un an plus tôt, a indiqué le groupe dans un communiqué. Le chiffre d’affaires de BYD pour 2023 est lui aussi en hausse sur un an (+42%), à 602,3 milliards de yuans (76,8 milliards d’euros).

BYD commercialise des véhicules hybrides ou électriques dans une soixantaine de pays, notamment en Europe. Le groupe a annoncé en décembre la construction d’une usine de voitures en Hongrie. BYD est devenu l’an dernier le premier constructeur au monde à franchir le cap symbolique des 5 millions de véhicules hybrides et électriques cumulés produits.

Une réponse aux restrictions occidentales

C’est donc dans l’espoir de maintenir son champion parmi les meilleurs constructeurs mondiaux que Pékin porte plainte à l’OMC. Mais cette action survient aussi dans un contexte particulier. Pékin et Washington s’affrontent déjà sur une série de questions commerciales.

En octobre, Washington a annoncé des restrictions supplémentaires sur les exportations de puces d’IA de pointe vers la Chine par crainte de son utilisation à des fins militaires. En janvier, ce fut aussi au tour du fabricant néerlandais de machines permettant de produire des semi-conducteurs, ASML, d’annoncer qu’il n’enverrait plus certaines de ses machines en Chine.

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Une décision qui avait alors provoqué les foudres de Pékin. Peu après l’annonce, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a fustigé ce qu’il a qualifié de « comportement d’intimidation » de Washington. Une telle action « viole gravement les règles du commerce international, porte gravement atteinte à la configuration de l’industrie mondiale des semi-conducteurs et à de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement internationales », a-t-il ajouté. Ce contexte de tensions commerciales pourrait tout aussi nuire à l’Europe et aux Etats-Unis. Wang Wenbin a averti que les États-Unis « subiraient inévitablement les conséquences de leurs propres actions ».

Les Européens enquêtent sur les véhicules chinois

L’Europe s’en est, elle aussi, prise aux véhicules électriques chinois. Préoccupée par la concurrence de ces derniers sur le marché européen et pressée par la France, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé en septembre l’ouverture d’une enquête sur le soutien et les subventions des autorités chinoises aux constructeurs nationaux d’automobiles électriques. La Chine a alors dénoncé cette décision, soulignant qu’elle nuirait à ses relations commerciales avec l’UE. « Ce n’est rien d’autre que du protectionnisme pur et dur », avait jugé Pékin.

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Mi-février, la Commission européenne a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête contre CRRC Qingdao Sifang Locomotive Co, une filiale du géant chinois CRRC, numéro 1 mondial du ferroviaire soupçonnée d’avoir bénéficié de subventions en Chine lui permettant de fausser le marché intérieur de l’Union européenne.

En réponse, le ministère du Commerce chinois a lancé en janvier son enquête sur les eaux-de-vie de vin européennes après une plainte de l’Association chinoise des boissons alcoolisées. « Cette demande contenait les éléments de preuve nécessaires à l’ouverture d’une enquête antidumping en vertu » de la réglementation chinoise, était-il indiqué dans un communiqué publié le 5 janvier.

(Avec AFP)

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