lundi, mai 6

L’IA et le secret de l’immortalité

Le futurologue américain Ray Kurzweil, pape de l’idéologie transhumaniste, vient de faire une nouvelle prédiction choc. « Si vous survivez aux cinq prochaines années, vous pourrez vivre jusqu’à 500 ans », a-t-il déclaré en mars dernier à Austin Texas au festival SXSW (South by Southwest) en réponse à une question sur les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle. L’excentrique Kurzweil en est convaincu : « la mort de la mort » est proche… Avant l’arrivée de ChatGPT, le professeur au MIT, né en 1948, voulait se faire « cryogéniser » dans de l’azote liquide si le secret de l’immortalité n’était pas trouvé avant… 2045. Mais le temps s’est, selon lui, raccourci et il espère qu’un cerveau de silicium supérieur au cerveau humain apparaîtra en 2029, dans cinq ans donc.

Encore un coup de com’ pour le cofondateur de la Singularity University, se dira-t-on. Qui croit vraiment que la fameuse singularité, acte de naissance de l’IA générale, supposée être capable de résoudre tous nos problèmes, le principal, depuis qu’Adam et Ève ont quitté le Paradis, étant la mort, arrivera avant la fin de la décennie ? Mais la part de vérité dans ce fantasme d’immortalité est bien l’immense espoir suscité par le mariage de l’IA et de la data en santé.

Lire aussiLa défense de l’égalité des vies humaines est un combat permanent

Avec le Health Data Hub et une administration de sécurité sociale qui conserve dans ses coffres-forts numériques vingt ans de données médicales, la France a les moyens de jouer la course en tête dans la bataille des médicaments du futur.

À condition d’oser prendre des risques pour financer les molécules de demain. Une biotech française primée par La Tribune serait en train de percer le moyen de soigner l’arthrose, jusqu’ici inguérissable. Des chirurgiens utilisent déjà des « jumeaux numériques » de nos organes pour nous opérer en sécurité à l’aide d’un GPS. Avec un peu de chance, dans les cinq à dix ans, le cancer deviendra une maladie comme une autre, les aveugles reverront et, grâce à des micropuces implantées dans le cerveau, des paraplégiques remarcheront.

Cette foi en la science ne doit cependant pas occulter la partie humaine de la médecine. Esculape 4.0 ne remplacera jamais la relation empathique entre le médecin et son patient. Mais il l’aidera à bénéficier d’un meilleur parcours de soins et à parvenir à une plus grande espérance de vie en bonne santé. La France a beaucoup de progrès à faire en ce domaine, ce que prouve la situation de nos Ehpad…

Lire aussiRester humaine, le grand défi de la médecine du futur

Une chose est sûre, dans le débat qui monte sur la dépense publique, ce n’est pas sur la santé que figurent les plus importantes marges d’économies. Nos sociétés vieillissantes ont tout intérêt à prendre soin de nos dépenses de santé ! À défaut de la mort, au moins peut-on espérer améliorer la fin de la vie

Comme le dit un ami, « vieillir, c’est embêtant, mais c’est la seule façon de vivre longtemps ». À méditer par ce bon vieux Ray…

Philippe Mabille

Lien source : L’IA et le secret de l'immortalité