jeudi, avril 25

Paiements sécurisés : cette fintech bordelaise qui s’impose sur un marché concurrentiel

« Là où nous avons été plus malins, ça a été de ne pas être affilié à nos clients mais de faire intégrer à leur site internet une page de paiement. C’est ce qui nous a sauvés », jure Charles-Henri Gougerot-Duvoisin. Au côté de Stevy Llong-Taï, l’autre fondateur d’Obvy, le jeune homme se montre particulièrement sûr de lui. Il faut dire qu’en observant ses concurrents émerger sur un nouveau marché à haut potentiel puis disparaître les uns après les autres, les deux têtes pensantes ont vu s’enchaîner les signaux encourageants pour leurs solutions de sécurisation des paiements en ligne entre particuliers ou via le e-commerce.

Alors qu’elle s’était lancée en 2017 pour sécuriser les paiements entre particuliers, la fintech née et basée à Bordeaux est parvenue à mettre sur pied « une solution tout en un pour gérer n’importe quel type de transaction BtoB, BtoC ou CtoC. » L’avantage d’Obvy par rapport à ses concurrents : être capable de proposer aux plateformes de vente en ligne une interface complète de gestion des flux de paiement de toutes origines (abonnements, factures, transactions clients…). De quoi faire gagner plusieurs mois de développement numérique à ses clients grâce à cette nouvelle API complète (Interface de programmation d’application).

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« Un marché rigide et très contrôlé »

Une efficacité et un positionnement qui ont convaincu les investisseurs de participer à une levée de fonds de deux millions d’euros. Dont le dirigeant de la plus grande plateforme de e-commerce pharmaceutique en Europe, Michael Vandenhooft, leader du tour de table. Obvy boucle ainsi sa troisième levée, nécessaire pour sécuriser son développement avant d’atteindre la rentabilité projetée pour 2025. « On lève des montants raisonnables à des étapes importantes », tempère son CEO.

« Ils s’insèrent bien dans un écosystème où il y a peu de concurrents qui font ça de manière aussi simple », observe Guillaume-Olivier Doré, entrepreneur proche des deux cofondateurs. « Dans l’univers de la finance, le modèle économique reste difficile à valider car les habitudes bougent très lentement et le marché français est assez rigide, très contrôlé », ajoute-t-il.

L’argent frais issu de cette levée de fonds servira notamment à recruter une dizaine de personnes en 2023, dont la moitié dédiées au développement technique et numérique de l’interface. « Nous sommes en train de travailler sur l’intégration d’intelligence artificielle, ça nécessite des profils tech encore plus matures », vise Stevy Llong-Taï. « Une denrée rare », reconnaît-il. Cinq profils commerciaux polyglottes seront également recrutés pour s’étendre sur un marché européen qui n’a toutefois pas vocation à devenir majoritaire dans l’activité de la startup bordelaise.

Abonnement, commissions et franchise

Si les fondateurs souhaitent rester très discrets sur le montant de leur chiffre d’affaires, ils confirment avoir manqué l’un de leurs objectifs : atteindre 1 % du marché total des transactions en ligne en trois ans, comme annoncé en 2018. « On n’y est pas », reconnaissent-ils. « Nous avons préféré travailler nos produits en profondeur. Nos prédateurs naturels sont devenus nos alliés. On a réussi à se mettre dans une position de partenariat avec nos concurrents », place Charles-Henri Gougerot-Duvoisin. Dans la musette des 150 plateformes clientes d’Obvy, on retrouve AllTricks, ParuVendu, Benzin ou encore les Bordelais de Yescapa.

La fintech vient également de lancer un tout nouvel éditeur de pages internet, fruit de ses recherches, qui permet à ses clients de personnaliser l’interface de paiement avec une charte graphique et des fonctionnalités propres. Une version encore augmentée de sa solution globale, proposée à l’abonnement et soutenue par des commissions sur chaque vente réalisée par ses clients mais aussi par un système de franchise. L’entreprise veut capitaliser sur cette réussite pour augmenter ses effectifs. Ce sera plus aisé avec les nouveaux bureaux spacieux qu’elle occupe à proximité de la place des Quinconces à Bordeaux ; beaucoup moins au vu de la pénurie de développeurs et des salaires qui s’envolent.

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