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Pour réformer l’assurance chômage, Gabriel Attal veut durcir les règles

Il ne s’en était jamais caché mais il l’a redit. Invité jeudi soir d’une émission au long cours sur BFM TV pour marquer ses 100 jours à Matignon, le Premier ministre Gabriel Attal a indiqué que dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage, il avait une préférence pour un durcissement de la condition d’affiliation, soit « combien de temps il faut avoir travaillé pour toucher l’assurance chômage ». Pour rappel, il faut aujourd’hui avoir travaillé six mois dans les 24 derniers mois pour avoir droit à des indemnités.

« Il y a un système qui s’est organisé pour des multiplications de petits contrats, des contrats courts, entre lesquels on bénéficie du chômage. ‘Je travaille quelques mois, je touche le chômage quelques mois, je retravaille quelques mois, je touche le chômage‘, a décrit le chef du gouvernement.

« C’est plutôt ça sur quoi je veux travailler, donc ça oriente plutôt sur les conditions d’affiliation. Maintenant les trois possibilités sont ouvertes et on y travaillera avec les partenaires sociaux », a expliqué le Premier ministre.

Le chef du gouvernement a également énuméré deux autres leviers pour faire évoluer l’assurance chômage : la durée d’indemnisation et le niveau d’indemnisation – qui n’a pas sa faveur.

Le gouvernement au centre du jeu

Mais l’échec de la négociation sur l’emploi des seniors, acté la semaine dernière, pourrait remettre le gouvernement au centre du jeu. La ministre du Travail Catherine Vautrin avait indiqué la semaine dernière qu’en l’absence d’avenant senior de la convention d’assurance chômage, le gouvernement prendrait un décret de « carence ». Ce décret pourrait s’appliquer en attendant que syndicats et patronat négocient une nouvelle convention sur la base d’une lettre de cadrage reprenant les orientations fixées en mars par Gabriel Attal.

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Il n’est toutefois pas certain que les syndicats s’engagent sur cette voie s’ils jugent que le cadre imposé est trop restrictif et qu’il ne leur permet pas de défendre les droits des demandeurs d’emploi. Dans ce cas, les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi continueront à être fixées par décret, comme c’est le cas depuis 2019.

Selon les dernières données de l’Unédic, au troisième trimestre 2023, il y avait 6,1 millions de demandeurs d’emploi au total, toutes catégories confondues, dont 3 millions en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité. Sur ces 6,1 millions, 2,6 millions étaient indemnisés. L’allocation nette moyenne s’élève à 1.033 euros.

« Si on avait le même taux d’emploi que les Allemands, on n’aurait quasiment pas de problèmes pour équilibrer notre budget », a affirmé Gabriel Atta

Une baisse d’impôt conditionnée à une mesure d’économie

Le chef de l’Etat a par ailleurs assuré que l’engagement d’Emmanuel Macron d’une baisse d’impôts, faite en mai 2023, de deux milliards d’euros pour les ménages « sera tenu », mais conditionné à une mesure d’économie équivalente, alors que l’exécutif aligne les mesures d’économies face à une dégradation de la situation budgétaire.

« On pourra tenir l’engagement en le finançant. Ça veut dire en mettant, en face des deux milliards, par exemple une économie fléchée qu’on fait pour pouvoir faire cette baisse ». Mais « c’est un engagement du président de la République, il sera tenu » a précisé le Premier ministre. Le 16 janvier, Emmanuel Macron avait déclaré que cette baisse d’impôts, envisagée depuis 2023, serait mise en œuvre en 2025.

« On a par ailleurs engagé un chantier sur les allègement de cotisations patronales et de cotisations salariales, parce qu’on veut que les Français qui travaillent, les classes moyennes notamment, puissent gagner davantage. Ça peut aussi rejoindre ce chantier-là », a ajouté  Gabriel Attal.

Le chef du gouvernement n’a en revanche pas souhaité détailler le deuxième paquet de 10 milliards d’économies que l’exécutif entend trouver dès 2024. Au total, il compte faire 20 milliards d’économies cette année et au moins autant l’an prochain. « Comme chaque année, le budget de l’année suivante, il est défini quand ? Entre juin et septembre. (…) Donc c’est dans ce calendrier-là qu’on fera nos choix », a expliqué Gabriel Attal. « Je ne vais pas vous dire qu’on va se mettre à augmenter les impôts après les avoir baissés. C’est pas du tout notre logique. C’est pas ce qu’on fera. »

(Avec AFP)

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