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Puy-de-Dôme : les citoyens appelés à financer un projet inédit de production de biométhane

Et si vous investissiez dans une énergie verte et locale… Voilà la proposition du Valtom. La collectivité publique en charge de la valorisation et du traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire tente d’attirer des investisseurs locaux pour son projet de production de biométhane.

Ce financement participatif a été lancé sur le site Enerfip, une plateforme européenne d’investissement responsable dédiée au financement de projets de transition énergétique. L’ambition : réunir, d’ici le 1er juin, 200.000 euros auprès des habitants du territoire.

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Au regard de l’investissement total, qui s’élève à 3,5 millions d’euros, cela peut paraître minime, mais l’idée est surtout s’associer les habitants à une démarche vertueuse d’intérêt général, selon le syndicat.

« C’est avant tout symbolique. Nous l’avions déjà fait pour un autre projet, celui-là de panneaux photovoltaïques installés sur 18 hectares. Ça a été un succès puisque 130 habitants ont participé au financement à hauteur de 250.000 euros. Nous souhaitons que nos citoyens soient acteurs de la transition écologique et énergétique », souligne Laurent Battut, le président du Valtom.

Equivalent de 2.000 foyers chauffés avec ce gaz renouvelable

Au-delà de l’engagement environnemental, les investisseurs pourront bénéficier de retombées économiques. Valtom Énergie Biogaz, la société créée pour l’occasion, annonce 7% de rendement (brut) sur trois ans. Une limite de participation a, cependant, été fixée à 2.000 euros par personne pour permettre au plus grand nombre de participer. Depuis le lancement de l’opération, fin mars, une cinquantaine d’investisseurs ont déjà été séduits.

« L’idée est de flécher l’épargne citoyenne vers le plus grand enjeu d’avenir, la transition écologique. Et les habitants peuvent bénéficier des retombées économiques générées par cette production locale de biométhane, puisqu’une personne qui investit 1.000 euros va toucher 70 euros brut par an pendant trois ans. Le taux d’intérêt est plus de deux fois supérieur à celui du livret A », pointe Mathieu Carbonel, chef de projet pour Enerfip, qui indique que le taux de défaut est très faible sur ce type de projet.

À ce jour, la plateforme a déjà levé plus de 485 millions d’euros pour plus de 420 projets. Dans le Puy-de-Dôme, l’opération sera, par ailleurs, financée par des emprunts (auprès du Crédit Agricole centre France) et des fonds propres, avec le soutien de l’Ademe. Le site, installé dans l’agglomération clermontoise, produira 15 GWh de biométhane chaque année, soit l’équivalent de la consommation de plus de 2.000 foyers chauffés au gaz ou environ 25 camions bennes d’ordures ménagères roulant au BioGNV.

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Source de biogaz hybride

Outre ce financement original, cette unité de production de biométhane est unique en Europe. Sa particularité : associer deux sources de biogaz. Ce gaz vert sera issu, d’une part, du méthaniseur du pôle Vernéa et, d’autre part, d’un site de stockage de déchets non-dangereux du Puy-Long, située à proximité.

Les travaux sont en cours de finalisation pour permettre ce mélange de flux. Dans ce projet, complexe techniquement, le Valtom s’appuie sur la technologie Wagabox, brevetée par Waga Energy. La société grenobloise détient, d’ailleurs, 67% des parts de Valtom Énergie Biogaz.

Ce projet de double valorisation illustre les synergies possibles, se félicite l’entreprise. « Ce modèle contribue à optimiser la valorisation des déchets et est appelé à se généraliser en France et à l’international », avait même déclaré Mathieu Lefebvre, président-directeur général de Waga Energy au lancement du projet.

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Au-delà de financer le projet, les habitants du territoire vont donc participer à la production de ce gaz renouvelable puisqu’il émanera de leurs déchets ménagers déjà stockés et de leurs biodéchets récoltés. Une manière de valoriser les restes alimentaires et autres épluchures, alors que depuis ce début d’année les collectivités ont l’obligation de proposer des solutions pour trier les déchets organiques. Cette production de biométhane sera injectée directement dans le réseau de gaz exploité par GRDF. Cela permettra d’alimenter des foyers et entreprises du territoire, mais aussi la station d’avitaillement de GNV, mise en service à Clermont-Ferrand en 2021.

Opérationnel en fin d’année

Ce premier projet d’injection de biométhane mixte en Europe devrait être opérationnel à l’automne.

« Cela a nécessité trois ans de démarches administratives car cela n’existait pas au niveau réglementaire. Nous avons dû mener une bataille de haute lutte pour obtenir un tarif de rachat », explique Laurent Battut du Valtom.

Le syndicat percevra les revenus générés par la vente du biométhane aux énergéticiens selon un tarif réglementé, déconnecté du marché du gaz.

« Nous estimons que nos investissements seront rentabilisés bien avant la fin du remboursement de notre emprunt, fixée à 15 ans. Ensuite, les bénéfices participeront à financer le service public », poursuit l’élu, fier de contribuer à la souveraineté énergétique du territoire.

En substituant le gaz naturel fossile par cette énergie renouvelable et locale, le projet devrait éviter l’émission d’environ 2.500 tonnes d’équivalent CO2 par an dans l’atmosphère.

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