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Rachat du nucléaire de General Electric : ce n’est plus qu’une « question d’Etat à Etat », selon EDF

Le rachat de la branche nucléaire de General Electric (GE) par EDF n’est plus qu’une « question d’Etat à Etat », selon un cadre de l’énergéticien français. La transaction ne bute plus sur des questions financières, mais sur des considérations géopolitiques, a déclaré mercredi Robert Poggi, directeur à l’Action régionale du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté.

« Ce n’est plus une question de négociation financière entre GE et EDF, mais plutôt géopolitiques entre les États-Unis, la France et la Russie », a-t-il ainsi déclaré, interrogé sur le dossier dans le cadre d’une conférence de presse à Dijon sur les enjeux et perspectives du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté en 2024.

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Les turbines Arabelle, fabriquées par GE, sont un équipement essentiel des centrales nucléaires. Mais la présence parmi les clients de GE du groupe russe Rosatom semble être un obstacle à la finalisation de la transaction, du fait de l’invasion russe en Ukraine et des sanctions qui en ont découlé pour Moscou. « On reste confiantOn ne maîtrise pas le calendrier », a ajouté le dirigeant, évoquant également les élections américaines, dont le résultat et la campagne peuvent avoir des conséquences sur le rachat. « On n’abandonne pas », a-t-il affirmé.

Les salariés s’impatientent

Les salariés de GE à Belfort font part de leurs inquiétudes depuis plusieurs mois face à cette situation qui s’enlise. Jeudi dernier, une centaine de manifestants, selon la police et la CGT, se sont réunis devant la préfecture du Territoire de Belfort pour demander des informations sur l’état d’avancement de la cession de la branche nucléaire de General Electric (GE) à EDF, qui tarde à se concrétiser.

« Il y a une urgence à donner une perspective claire aux salariés », estime Laurent Santoire, délégué CGT du site de GE à Belfort.

« Le temps qui passe n’est pas neutre », il provoque « un risque industriel » et peut « impacter le programme EPR 2 ».

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Une délégation de la CGT a été reçue par le préfet du Territoire de Belfort. « Le gouvernement et EDF sont mobilisés pour conclure cette vente. Le sujet avance », rassure une source préfectorale sollicitée par l’AFP. La signature officielle de la cession de la branche nucléaire de GE à l’énergéticien français, qui devait avoir lieu le 1er décembre dernier, avait été reportée au dernier moment.

« Le dossier ne semble pas avancer depuis », s’inquiètent également les élus LR du Territoire de Belfort, dans une lettre adressée à Bruno Le Maire. « Aucun élément n’est communiqué, ce qui génère un climat de tension et de méfiance sur le site de Belfort », constatent ainsi le maire de Belfort Damien Meslot, le député Ian Boucard, le sénateur Cédric Perrin et le président du conseil départemental Florian Bouquet.

« Le blocage de la cession est source de la dégradation du site de Belfort, impacte les relations commerciales de l’entité et fait perdre des parts de marché à la future entreprises », regrettent-il.

Fin février, la CGT avait invité Bruno Le Maire à se rendre à Belfort le 21 mars afin de discuter de cette cession. « Déjà un trimestre que cela a été ajourné et on ne voit toujours rien venir », avait alors critiqué Laurent Santoire, délégué CGT, face à une cinquantaine de manifestants devant les ateliers de GE à Belfort

2.500 salariés concernés en France

De sources syndicales, le rachat prévu concerne environ 2.500 salariés en France, dont plus de 1.300 à Belfort, et 3.400 au niveau mondial.

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EDF et GE avaient annoncé en février 2022 « un accord d’exclusivité » pour discuter du rachat par l’énergéticien français de GE Steam Power, branche nucléaire du conglomérat américain. Le président Emmanuel Macron annonçait alors, depuis Belfort, la relance d’un vaste programme nucléaire français.

En 2015, la branche énergie d’Alstom avait été acquise par GE, au terme d’une longue polémique politico-économique engagée au printemps 2014. Emmanuel Macron était ministre de l’Economie lors de la finalisation de l’opération.

(Avec AFP)

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