samedi, avril 27

Royaume-Uni : la Banque d’Angleterre s’inquiète des possibles défauts de paiement des Britanniques

Les défauts de paiements vont-ils augmenter outre-Manche ? C’est l’une des inquiétudes de la Banque d’Angleterre (BoE) concernant les emprunts immobiliers à très long terme contractés par de nombreux ménages britanniques face à l’augmentation des taux d’intérêt. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité financière du pays.

Au dernier trimestre 2023, près de la moitié des nouveaux emprunts contractés au Royaume-Uni l’étaient sur une durée de 30 ans ou plus, d’après le compte-rendu trimestriel du Comité de politique financière (FPC) de la banque britannique publié ce mercredi. Or, des taux élevés impliquent un relèvement du coût de remboursement des emprunts immobiliers pour les particuliers, ce qui les pousse à étaler leurs paiements dans la durée, impliquant une persistance de la dette.

Cela pourrait rendre « les emprunteurs plus sensibles aux chocs négatifs » sur leurs revenus, et « accroît le risque de réduction de leur consommation et de défauts » de paiement, selon le FPC. La part de ménages britanniques avec un remboursement mensuel trop élevé par rapport à leurs revenus devrait également légèrement augmenter pour atteindre 1,6% d’ici à la fin de l’année, contre 1,4% au troisième trimestre 2023.

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14 hausses de taux consécutives

D’autant que jeudi dernier, la BoE a maintenu une nouvelle fois ses taux d’intérêt à 5,25%, au plus haut niveau depuis début 2008 et la crise financière. Et après 14 hausses de taux consécutives, la BoE prévoit que l’effet de ces hausses ne sera pleinement ressenti par les Britanniques que d’ici… fin 2026. En attendant, elle s’attend à ce que la proportion de foyers hautement endettés augmente au cours de l’année prochaine.

« La politique monétaire restrictive pèse sur l’activité » économique, refroidit le marché du travail, et « abaisse les pressions inflationnistes », a constaté fin mars la BoE. Elle estime cependant que « la politique monétaire doit rester suffisamment restrictive suffisamment longtemps afin de faire durablement revenir l’inflation à la cible de 2% ».

Surtout que l’inflation au Royaume-Uni a reculé à 3,4% sur un an en février, au plus bas depuis septembre 2021 et en net reflux depuis son pic à plus de 11% fin 2022. Elle reste toutefois la plus élevée du G7.

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Vers une baisse des taux ?

Fin janvier, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, avait néanmoins commenté que « même si les effets de la hausse des taux d’intérêt ne se sont pas encore pleinement manifestés, les emprunteurs dans l’ensemble ont fait preuve de résilience face à ces changements ».

Dans la même optique, le FPC souligne que « bien que les finances des ménages britanniques demeurent sous pression en raison de l’augmentation des coûts de la vie et des taux d’intérêt élevés, leurs perspectives se sont cependant améliorées depuis le dernier trimestre 2023 ».

Qui plus est, comme la Fed ou encore la Banque centrale européenne, l’institution monétaire britannique envisage également une future baisse de ses taux. « Nous ne sommes pas encore au point où nous pouvons abaisser les taux d’intérêt, mais les choses évoluent dans la bonne direction », s’est félicité le gouverneur de la BoE, la semaine dernière.

« Ces dernières semaines, nous avons vu davantage de signes encourageant que l’inflation baisse » au Royaume-Uni, a-t-il précisé, ajoutant avoir cependant « besoin d’être sûr que cette inflation descende à notre cible de 2% et y reste ».

En amont de la décision de la BoE de maintenir ses taux la semaine dernière, le marché envisageait une première baisse en juin, notait Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Risques géopolitiques

Parmi les risques systémiques qui pèsent sur la stabilité financière au Royaume-Uni, l’institution monétaire note aussi la montée des tensions géopolitiques ou les cyberattaques, selon le compte-rendu trimestriel de son Comité de politique financière (FPC) publié mercredi.

« L’environnement général demeure compliqué » et en particulier « les risques mondiaux » et « géopolitiques ont augmenté », écrit-il dans son rapport.

« Les élections dans nombre de pays cette année pourraient également mener à une volatilité sur les marchés », remarque le FPC.

Le comité cite aussi le « haut niveau de dette dans les économies majeures » ou la chute des prix de l’immobilier commercial. Le secteur privé demeure toutefois « résistant aux taux d’intérêt élevés et à la faible croissance ».

De son côté, le système bancaire britannique reste également « bien capitalisé et en mesure de soutenir les ménages et entreprises même si les conditions économiques et financières venaient à se détériorer substantiellement ».

Dans son enquête biannuelle sur les risques systémiques, qui interroge les acteurs de la finance, la BoE note aussi que ces derniers restent très préoccupés par les risques liés aux tensions géopolitiques, notamment entre la Russie et l’Ukraine et au Moyen-Orient, et par ceux liés aux attaques informatiques.

Sur ce dernier point, le FPC a annoncé le lancement au printemps d’un nouveau test de résistance, sur lequel plus de détails sont à venir. Pour rappel, depuis la crise financière de 2008, les banques centrales imposent des « stress tests » aux plus grands établissements bancaires, qui permettent en théorie d’établir dans quelle mesure ils résisteraient à d’importants chocs, en particulier financiers.

(Avec AFP)

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